Textes

S.S. Bartholomée Ier, Archevêque de Constantinople
ENCYCLIQUE 
De S.S. Le Patriarche Dimitrios Ier.
Pour le XXe Centenaire du VIIe Concile Œcuménique
et  
Le Synodikon de l’orthodoxie



1. Que le nom du Dieu très haut soit glorifié et béni, celui qui pour nous, les hommes, et pour notre salut dispose de tout en faveur de l'homme selon son dessein éternel, de sorte que le peuple fidèle en tire profit pour son âme à travers des événements de haute importance historique et notamment par tout ce qui se réalise dans l'Esprit, et au sein de l'Église.

2. Les actes de l'Église sont vraiment inspirés de Dieu, gestes qui, le long des siècles, tracent les contours de la juste foi dans l'unique Seigneur ; cela de manières diverses mais surtout à la faveur des saints conciles œcuméniques assurant dans l'Esprit les points essentiels de la foi salvatrice en Christ et donnant preuve que 1'Église est l'arche sûre et inviolable de la vérité révélée et transmise par les Apôtres et les Pères.

3. Le septième concile œcuménique, réuni par la très pieuse impératrice Irène et le patriarche Taraise de sainte mémoire, en 787 à Nicée, qui rassembla 367 pères théophores venus de tout l'Orient et des représentants de l'Occident, a une place privilégiée dans la longue série des actes de l'Église une et indivise accomplis sous l'inspiration divine.
Il constitua une étape de première valeur pour la vie de l'Église et des fidèles car il eut pour but ultime que"la tradition inspirée de Dieu de l'Église catholique reçoive son autorité d'une décision commune" (Définition du IIe saint et grand concile œcuménique de Nicée", Mansi XIII, 376).

4. Célébrant la mémoire du XIIéme centenaire de ce concile, enfants très chers dans le Seigneur, notre mère, l'Église désire souligner cette particulière importance et en relever tous les points qui en résultent tant pour ce qui est de l'affermissement de la foi de nos ancêtres dans les icônes que de l'édification des enfants de l'Église dispersée sur toute la terre.

5. Vous connaissez, enfants et frères, les conditions sous lesquelles fut convoqué à Nicée ce concile œcuménique et les faits particulièrement tragiques qui l'ont précédé et qui ont abouti au mouvement impie de l'iconomachie. Lutter contre les icônes était devenu l'essence de l'enseignement et des actions des rois ennemis de Dieu, de leurs mauvais conseillers, d'évêques et de prêtres, qui trébuchaient sur les fondements de leur foi, de hauts dignitaires de la cour, de chefs militaires et d'une partie du peuple.
Ce mouvement iconoclaste culmina dans une sévère persécution qui dura plus d'un demi-siècle et provoqua des malheurs sans nombre dans l'Église et la vie religieuse de ses enfants

6. Plusieurs hérésies du passé avaient repris vie dans l'iconomachie. Des tendances manichéennes, gnostique, docétique et des éléments nestoriens et monophysites, avec des enseignements hérétiques récents, telle l'hérésie paulicienne, surtout des éléments hostiles au christianisme (judaïsme et islam) qui prenaient position contre les représentations de Dieu, rappelant ainsi une tradition de l'Orient non chrétien, tout cela avait constitué le mouvement iconoclaste et fourni les bases idéologiques pour l'horrible guerre déclarée aux icônes et à leurs vénérateurs.

7. Bien entendu, des exagérations dans l'expression du culte offert aux icônes n'avaient pas manqué, de temps en temps, dans l'Église. Les sources de l'époque les décrivent et les invoquent comme causes de l'iconomachie. Ces excès étaient naturellement considérés comme des occasions pour donner, de l'intérieur, le coup d'envoi de la folie iconoclaste.
Néanmoins nous devons reconnaître que l'iconomachie fut un mouvement découlant de causes beaucoup plus profondes, historiques, sociales et hostiles a l'Église.

8. En tout état de cause, examiné du point de vue ecclésial et théologique, l'iconoclasme, inconsciemment docétique, en fait imprégné des éléments signalés plus haut où des idées hérétiques se mélangeaient aux influences non-chrétiennes opposées à la représentation de la divinité s'était fixé comme but dans l'enseignement et l'action la destruction de la réalité de la divine incarnation et la négation de la nature divino-humaine du Seigneur, de la maternité de la Mère de Dieu, de l'honneur offert aux saints, de la possibilité d'une sanctification de la vie et de la matière, du passage des choses terrestres aux réalités célestes et divines au moyen de la prière, de la contemplation, de la participation à la Divinité et, en un mot, de tout ce qui était sacré dans l'Église et dans la vie, ainsi que de ce qui était au centre de sa spiritualité dans l'Orient orthodoxe.
"L'Iconomachie a déclaré la guerre non pas aux icônes mais aux saints" affirmait lapidairement saint Jean Damascène (Défense des Icônes, Discours I, 19, PG 94, 1249).

9. Mais sans doute, au-delà de toute autre conception, l'iconomachie a surtout lutté avec une fureur ennemie du Christ pour détruire la sainte tradition des icônes du Seigneur et, avec elle, la christologie orthodoxe en essayant surtout, et à tout prix, de faire prévaloir sa propre christologie particulière, étrangère et hostile à celle des conciles œcuméniques, et notamment du IVe concile réuni à Chalcédoine.
D'après la conception christologique des iconomaques, la représentation du Christ sur une icône est inacceptable et impie, et également, tout à fait irréalisable, car les deux natures du Christ, unies dans l'unique personne, excluent, selon eux, toute représentation, aussi bien de sa nature divine (car l'être divin est inconcevable et indescriptible) que de sa nature humaine, du fait que l'image qui est produite de cette manière ne diffère en rien de n'importe quelle autre représentation humaine (ce qui, dans le cas du Seigneur, Fils et Verbe de Dieu, est contraire à son mode d'être). Si, d'un autre côté, sur l'icône, on essaie de représenter la nature humaine dans la mesure où elle est unie à la nature divine, cela conduit, d'après eux, à une autre exagération, celle qui consiste en la confusion du concept "d'union" des deux natures.

10.De ces principes dominant la pensée et le système théologique des iconomaques, ceux-ci déduisaient de manière claire et nette l'impossibilité d'une quelconque représentation du Seigneur et, suite à cela, de toute représentation en icônes des autres saints personnages.
C'est ainsi que, en ce qui concerne la Mère de Dieu et les saints, la doctrine iconomaque enseignait que leurs reproductions picturales se référaient nécessairement à leur seule existence terrestre et non à leur gloire céleste, ce qui faisait des icônes de simples représentations matérielles de personnes, dépourvues de gloire et d'éclat, sans trace de lumière divine; et que les icônes étaient inutiles et étrangères à la bonne tradition, leur vénération ne différant en rien (selon eux) de l'idolâtrie la plus grossière.
Le VIIe concile œcuménique dit à ce sujet: "(les iconomaques) ont osé. médire de l'ornement digne de Dieu, des saints du culte... ne distinguant pas entre le saint et le profane et mettant l'icône du Seigneur et de ses saints dans la même catégorie que les simulacres des idoles sataniques (Définition..." etc, Mansi, XIII, 376).

11. À tout cela, la tradition orthodoxe oppose sa propre théologie de l'icône, qu'elle fonda sur la correcte conception du dogme christologique en conformité, surtout, avec la définition dogmatique du IVe concile œcuménique de Chalcédoine pour les représentations du Seigneur et des divers moments de sa vie où Il apparaît dans sa gloire théophanique ; en conformité aussi avec la correcte interprétation de l'enseignement de l'Église relatif à la matière et à l'esprit, l'essence et les énergies, l'incréé et le créé, le Céleste et le terrestre, l'éternel et le Fini, le modèle et sa représentation ; en conformité, enfin, avec la possibilité de la rencontre avec le divin et du passage dans celui-ci à travers l'original représenté, notamment dans le cas des icônes des saints et des anges de Dieu.

12. En effet, la tradition orientale conduit de manière définitive à la réalité de l'icône. Cette tradition enseigne la valeur théologique de l'expression esthétique de l'incarnation divine plaçant ainsi l'image au service de l'économie de Dieu. Elle confère à l'icône une fonction spéciale dans le contexte de tout ce qui est transcendant dans les rapports entre Dieu et l'homme. Et, elle reconnaît l'utilité spirituelle de l'icône dans la vie chrétienne comme "Bible des illettrés" selon Jean Damascène qui affirme ; "Ce que la Bible est aux gens instruits, l'Icône l'est pour les analphabètes ; et ce que la parole est a l'ouie, l'Icône l'est à la vue ; nous sommes reliés à l'icône par l'intelligence". (Jean Damascène, op. cit-, 1, 17, PG 94, 1248).
13. La tradition orthodoxe va encore plus loin : elle déclare qu'à travers l'icône c'est la manifestation de la présence, de l'hypostase divine, qui est dévoilée, et sont mis de côté ou dans l'ombre tous les détails extérieurs tombant sous les sens. De tous ces détails, l'image ne conserve que ce qui est strictement nécessaire pour reconnaître l'historicité d'un fait ou la dimension spirituelle de la personne d'un saint. Et cela dans des données totalement purifiées et dématérialisées, appartenant à la sphère céleste plutôt qu'à l'ambiance naturelle.

14.La personne représentée dans l'icône est un être appartenant à la nature mais désormais non plus soumis à elle. Ce n'est pas un symbole, comme on peut le déduire du contenu très net du 82e canon du concile œcuménique "in Trullo" qui stipule : "Nous décrétons donc, qu'il faut représenter les traits humains du Christ notre Dieu, l'Agneau qui ôte le péché du monde. Comme la forme parfaite de tous les êtres peints en couleurs, il faut désormais peindre I'Icône du Christ au lieu de la représenter sous les traits d'un agneau ainsi que cela se faisait autrefois. Par ce procédé, nous comprendrons la sublime humiliation du Dieu Verbe et serons conduits à nous remémorer son ministère en tant que personne humaine, sa passion et sa mort, et la rédemption du monde qui en a découlée"
(G.Ralis et M. Plotis, Col1ection des saints canons, vol. 2, Athènes 1852, page 493).
Voilà pourquoi l'icône représente la personne sacrée non dans ses proportions naturelles ou plus simplement dans une expression symbolique et non plus sous sa ressemblance humaine, mais dans sa dimension glorieuse et céleste. L'œil du peintre orthodoxe passe au travers des différentes voies de l'ascèse, pénètre le sublime "jeûne des yeux" et tend à coïncider totalement avec la contemplation de l'élément transcendant comme il est révélé à l'Église dans la dimension de l'esprit. Contrairement à la tradition occidentale où l'on observe une différenciation et une distance entre la matière et l'esprit, dans l'Orient orthodoxe la réalité de l'icône a réussi et réussit encore à harmoniser ces deux éléments, esprit et matière, dans l'intelligence, dimension qui est celle de la dialectique particulière de notre spiritualité, et qui trouve son expression artistique parfaite et inspirée dans l'icône.

15. Pour toutes ces raisons, l'image dans notre tradition devient la forme la plus puissante que prennent les dogmes et la prédication, évoluant et créant des œuvres selon les règles sublimes de la contemplation religieuse. Ces contemplations peuvent être parfaitement compréhensibles dans les représentations de Jésus, homme et Seigneur
Très justement on a remarqué que le Verbe de Dieu en qui "habite de manière corporelle toute la plénitude de la divinité" (Col. 2,9), le Verbe promis, révélé, qui a parlé, a été touché, entendu, est contenu intégralement dans les saintes Écritures. Le même Verbe, prenant la forme architecturale dans l'art de bâtir, culmine dans le saint bâtiment du temple (l'église).
Chanté et présenté sur la scène de la synaxe eucharistique, le Verbe constitue la sainte liturgie. Ce Verbe s'offre mystiquement à la contemplation et à la théologie de la vue sous la forme de l'icône une et unifiée du Christ dont l'Église a conservé intacte la mémoire, et qui, pour Denys l'Aréopagite, est l'icône apophatique du Seigneur, la forme des formes, la forme de l'inaccessible.

16. L'apôtre Paul formule remarquablement bien le fondement christologique de l'icône : "Le Christ est l'image visible (eikôn) du Dieu invisible" (Col 1,15). En d'autres mots, l'humanité visible du Seigneur est l'image de sa divinité invisible ou - pour utiliser une formule plus brève - "le côté visible de l'élément invisible dans la divinité".
D'après ce que nous venons de dire, l'image (eikôn) du Seigneur apparaît comme l'image de Dieu et de l'homme, c'est-à-dire comme la représentation du Dieu-Homme. Le raisonnement sous-jacent à cela est que le Fils étant par sa divinité l'image consubstantielle à l'homme créé à l'image et à la ressemblance de Dieu, devient (et demeure depuis son incarnation, et jusqu'aux choses dernières) l'image fidèle de Dieu. C'est pour cette raison qu'il affirme nettement. "Celui qui m'a vu a vu le Père" (Jn.14,9). Cela signifie que les deux natures unies dans l'unique hypostase du Seigneur, nous offrent l'image unique du Dieu-Homme Jésus, une image qui exprime Dieu Lui-même, bien que Celui-ci soit tout à fait inconcevable et indescriptible.

17. Le Seigneur est l'image de toute image, l'archétype qui englobe la totalité de l'essence divine. Jean Damascène dit à ce sujet : "Les icônes sont les parties visibles de ce qui, en soi, est invisible et non représentable et qui n'est représenté corporellement qu'afin de permettre d'être compris de manière à peine perceptible... Car les qualités invisibles de Dieu sont perçues de manière intelligible dans les œuvres qu'il a faites depuis la création du monde (Ro 1,20). En effet, nous voyons dans les choses créées des images (icônes) qui nous rappellent de manière à peine perceptible les apparitions divines (op. cit. 1,11, pg 94, 1241). Ainsi nous avons Dieu (qu'il est impossible de décrire et de représenter) par la seule image divino-humaine : Son Fils et Verbe.
Ce "schéma théologique contradictoire", pour ainsi dire, est justifié par Grégoire Palamas de la manière suivante : "Dieu étant inconnu et inconcevable, totalement transcendant selon son essence, devient en même temps un être participable sur le plan empirique, puisqu'Il est comme Celui qui est et sera, Celui qui est présent dans toutes ses énergies, celles que la divine incarnation, le Fils incarné, rend participables éternellement pour l'homme qui verra le Seigneur dans sa Seconde Venue". L'homme contemplera alors ce "visage", cette "face" de la divine auto-révélation. Transfiguré dans la gloire du Seigneur, tout homme justifié verra Dieu face à face. "Car maintenant nous ne voyons (Dieu) que comme si nous Le devinions à travers un miroir ; à ce moment-là, par contre, nous Le verrons face à face. Pour le moment, je ne Le connais qu'en partie ; ce jour-là, au contraire, je le connaîtrai de la même manière que j'ai été connu moi-même". Et ce visage, cette "face" sera la même que celle du Verbe incarné "qui est l'image-Icône du Dieu invisible, le premier-né de toute la création" (Col 1,15 ; 2 Co 4,4)

18. Par conséquent, C'est l'hypostase divine et humaine du Seigneur qui rend visible dans l'image le coté invisible de Dieu : "C'est seulement lorsque tu verras (dit Jean Damascène) l'incorporel devenu homme pour toi, que lu pourras réussir à représenter la réplique de fa forme humaine. C'est seulement lorsque l'invisible deviendra visib1e dans la chair que tu pourras prendre la ressemblance de ce que tu as vu. C'est seulement lorsque l'Incorporel et l'Informe, l'Inquantifiable et Incommensurable, Celui qui est au-delà de toute grandeur par la supériorité de sa nature... que tu devras tracer et offrir, dépeint sur des surfaces lisses afin qu'on puisse le contempler, Celui qui a daigné se rendre visible" (op. cit., 1, 10 PG 94, 1240)

19. L'icône du Christ témoigne d'une présence, Sa présence même, laquelle permet d'arriver à une communion de participation, à une communion de prière et de résurrection, à une communion spirituelle, à une rencontre mystique avec le Seigneur peint en image. Certes, l'icône du Christ n'est pas le Christ lui-même, comme, dans l'eucharistie, le pain est le corps et le vin le sang du Seigneur. Dans l'icône nous avons la présence de son hypostase qui ne change ni ne modifie aucunement la matière ou les couleurs ou le pinceau ou les dessins extérieurs et les formes auxquelles les dessins correspondent. Cependant, cette icône reproduit de manière hypostatique la ressemblance et l'identité du Christ représenté en elle, ce qui est la caractéristique principale de toute image de Lui. Tout le mystère de l'icône est contenu dans cette ressemblance dynamique et mystérieuse qui renvoie à l'original c'est-à-dire à l'être divin et humain du Seigneur.

20. "L'icône, affirme encore Jean Damascène, est une représentation qui rend fidèlement l'original tout en ayant une différence par rapport à lui, car l'Icône n'est pas tout à fait semblable à son Archétype. Car l'icône vivante, naturelle et tout à fait fidèle du Dieu Invisible est uniquement le Fils, qui porte en lui le Père tout entier, ayant une parfaite identité avec lui" (op. cit., 1, 9, P.G. 94, 1240).
Ainsi toute icône du Christ représente et enferme l'hypostase du Seigneur, et cette hypostase est justement l'élément qui, à travers elle, rayonne vers l'extérieur. Et grâce au rayonnement et à l'attrait, il devient un moyen rapportant au modèle, témoignant et annonçant la présence du prototype.

21. Le VIIe concile œcuménique s'exprime clairement sur ce sujet : "L''une des deux natures est indescriptible et l'autre est décrite et contemplée dans la seule icône du Christ" (Mansi, XIII, 244 ; intervention du diacre Epiphane). Et cela pour qu'il soit proclamé à tous, par la décision de ce concile que : "En produisant l'icône du Seigneur, nous exaltons la chair déifiée et ne reconnaissons dans l'image rien d'autre qu'une icône présentant l'imitation du modèle. D'où il s'ensuit que Son nom est tiré au sort et est le seul à participer à son essence ; c'est pour cela que l'icône est vénérable et sainte" (Mansi XIII, 344 ; intervention du diacre Epiphane), ainsi que le dit l'hymnographe : "La forme de Celui qui s'est incarné est pour nous une gloire, forme vénérée avec piété mais non déifiée".

22. L'explication fournie sur ce point par Jean Damascène est semblable, car il affirme ceci : "Autrefois Dieu, étant Incorporel et sans forme, n'était nullement représentable. Maintenant Dieu s'est révélé dans la chair et est entré en contact avec les hommes, je représente donc par une icône ce que je vois de Dieu. Je ne vénère point la matière, je vénère le Créateur de la matière, celui qui s'est fait matière pour moi et qui a accepté. d'habiter la matière, et a fait mon salut par la matière ; je ne cesserai pas de respecter la matière par laquelle mon salut s'est accompli" (op. cit., I, 16, PG 94, 1245).

23. Cela étant, et selon l'interprétation que nous venons de donner à l'enseignement de l'Église concernant les icônes, nous comprenons mieux l'inspiration divine du contenu de la définition dogmatique à laquelle sont parvenus les Pères du VIIe concile œcuménique : "Nous décrétons en toute exactitude et conscience qu'on doit faire place, à côté de la reproduction de la précieuse Croix vivifiante, aux saintes et vénérables icônes faites de couleurs ou en mosaïque ou encore d'une autre matière et ornant les saintes églises de Dieu, les objets du culte et les vêtements sacrés, les murs et les planches en bois, les maisons et les rues ; aussi bien l'icône de notre Seigneur, Dieu et Sauveur Jésus-Christ que celles de notre Dame immaculée, la sainte Mère de Dieu, des anges vénérables et de tous les hommes saints. Car dans la mesure où ils sont continuellement représentés et contemplés en image, ceux qui les contemplent s'élèvent vers la mémoire et le désir de leurs prototypes. Quant au baiser qu'ils déposent sur l'icône, celui-ci prend le sens, selon notre foi, d'une vénération et non pas d'un culte au sens strict du terme, car le culte ne doit être adressé qu'a la nature divine. La vénération mentionnée est semblable à celle qu'on rend à la véritable et vivifiante Croix, aux saints Évangiles et aux autres objets sacrés. À tout cela on doit offrir l'encens et des cierges allumés, et ainsi les honorer selon la pieuse ancienne coutume. Car l'honneur rendu à l'icône passe à l'original, et celui qui vénère l'icône vénère en elle l'hypostase de ce qu'elle représente" (Mansi, XIII, 377).

24. Et maintenant mes chers enfants en le Seigneur, je vous parlerai des saintes icônes des élus de Dieu depuis la très sainte personne de la Mère du Seigneur jusqu'aux dizaines de milliers de saints de notre firmament religieux qui ont plu à Dieu.
L'interprétation théologique qui les concerne est pneumatocentrique au plus au point. Jean Damascène dit à leur sujet : "Les saints, déjà au cours de leur vie étaient remplis d'Esprit Saint, et après leur mort la grâce du Saint-Esprit pénètre de manière permanente leur âme, leur corps dans les tombes, leurs traits individuels et leurs saintes icônes. Cela, non pas selon leur essence mais par la grâce et l'énergie du Sainte Esprit." (op. cit., I, 19, PG 94, 1249).

25. Par ce que je viens de dire, la théologie des icônes des saints apparaît étroitement liée à leur hypostase remplie de grâce par le Saint-Esprit, car les saints possèdent au-delà de leur corps terrestre, un corps céleste baignant dans la lumière de Dieu et revêtu par eux, jugés dignes de cela par Dieu.
L'icône de la Mère de Dieu et des saints projette donc devant nous le véritable visage de leur hypostase glorifiée dans laquelle et par laquelle ils ont pu se rendre agréables à Dieu, et grâce à laquelle ils jouissent de la contemplation du Très Haut. En d'autres mots, les saints sont représentés, honorés et vénérés dans leurs icônes de la part des fidèles sous leur ressemblance céleste, et en cela on peut dire qu'il existe une profonde relation d'eux-mêmes à la théorie christologique plus générale des icônes.

26. En ce qui concerne les anges "ces esprits qui servent Dieu, envoyés pour apporter le salut" (He 1,14), le Nouveau Testament définit leur comportement. Il est écrit : "Les anges dans les cieux sont continuellement en présence de mon Père qui est aux cieux" (Mt 18,1O). Et ailleurs ; "Vous verrez le ciel ouvert et les anges de Dieu monter et descendre au-dessus du Fils de l'homme" (Je. 1,51).Dans l'Ancien Testament, Dieu commande à Moïse de faire construire deux représentations d'anges sur l'Arche de l'Alliance, afin que par eux Il puisse se révéler et parler à lsraël : "On façonnera deux chérubins en or martelé aux deux extrémités de l'autel et Je me manifesterai là et... Je te donnerai tous les ordres...". (Ex. 25,18-22).

27. La représentation des anges est une autre contemplation de Dieu de la part de l'homme, qui est ainsi passé de manière indirecte à la 1umière divine et communique à la grâce hypostatique de Dieu par les yeux de l'âme. Les anges peints sous une forme humaine sont des hypostases, accessibles à l'esprit, du monde immatériel existant en dehors de nous, et expriment par leur représentation, de sorte à le rendre plus participable, ce qui étant dans son hypostase incompréhensible et insaisissable devient compréhensible aux hommes exclusivement par les yeux de l'âme et par l'expérience spirituelle qui va au-delà des choses visibles ; et selon laquelle la bonté divine reflétée dans les anges peut être admirée et devenir ainsi une source d'élévation et de contemplation mystique pour l'homme qui se transfigure par cette contemplation.

28. Voilà, mes enfants bien-aimés dans le Seigneur, l'enseignement au sujet des icônes et de leur vénération selon la tradition de notre Église orthodoxe.
Que personne n'ait de doute sur le fait que l'icône, sous quelque forme qu'elle se présente, conserve sa particularité en tant que reproduction artistique de la présence hypostatique de ce qu'elle montre, et correspond à sa caractéristique indiscutable d'être un moyen par lequel l'honneur, la vénération et la prière qui s'adressent à elle passent à un modèle et à travers lui à Dieu Lui-Même. L'icône est une œuvre d'art forgée et parachevée après une préparation adéquate de l'âme et de l'esprit. C'est peur cela qu'elle nous révèle sa pleine fonction : elle présuppose en effet trois facteurs qui doivent coïncider afin qu'elle soit complète, vénérable et sainte. Premièrement, le peintre qui reproduit son saint objet ; le côté visible de l'Invisible, ce qui est proposé à la vénération, à la prière et, à travers elles, au passage à l'Original. En deuxième lieu, la création matérielle dans sa fonction spirituelle et particulière : l'icône en elle-même, qui contient l'hypostase des concepts transcendants de la gloire et de la lumière et qui sera porteur et annonciateur de ces éléments quand elle sera proposée à la vénération et à la prière des fidèles, selon le passage de l'Apocalypse où il est dit que "la ville n'a besoin ni du soleil ni de la lune pour l'éclairer car la gloire de Dieu l'illumine et sa lampe est l'Agneau" (Ap. 21,23). En dernier lieu l'homme qui contemple l'icône, le fidèle qui se trouve face à elle, qui devient une ressemblance de ce qui est représenté par sa correcte "attitude~, et qui devant elle, est transfiguré selon les mots de saint Paul : "Et nous tous, reflétant à visage découvert la gloire du Seigneur, nous transfigurons selon cette même image et passons de gloire en gloire tout comme à travers Le Seigneur qui est l'Esprit" (2 Co. 3,18).

29. Nous ne devons pas non plus oublier que l'icône de Dieu est l'homme créé selon l'image et la ressemblance divine ; l'homme qui, en dépit d'avoir noirci cette image par sa chute et son péché, conserve la possibilité d'être transfiguré dans la lumière et la gloire de l'hypostase divine telles qu'elles se reflètent en premier lieu, et surtout, dans la présence hypostatique du Seigneur dans l'icône ; de toutes les saintes personnes, ensuite, qui ont au être agréable à Dieu. "Car ceux que Dieu a choisis d'avance Il a aussi décidé d'avance de les rendre semblables à son Fils, afin que Son Fils soit l'aîné d'un grand nombre de frères" (Ro 8,29) "De même que nous avons revêtu l'homme terrestre, de même nous revêtirons l'homme céleste" (1 Co 15,49) Cette image est 1a lumière de la présence hypostatique, et elle offre au fidèle qui la contemple et la vénère la possibilité de devenir, lui aussi, une ressemblance lumineuse du modèle selon la capacité de son âme. Comme l'écrit Grégoire de Nysse : "C'est pour cela que l'âme en s'approchant de la lumière devient, elle aussi, lumière" (Explication précise du Cantique des Cantiques, Homélie V, PG ; 44, 868/869). Elle assume ainsi une forme christique, forgeant en elle le Christ (Ga 4,19) "qui est l'image du Dieu Invisible" (Col. 1,15).

30. Dans cette perspective, nous devons comprendre toute la fonction de l'icône, qui a de manière définitive Sa première place dans l'Église orthodoxe dont elle est un élément organique inséparable. La présence des icônes dans l'Église, avec les prêtres qui célèbrent et les fidèles qui prient est la réalisation à tout moment du temps ou sera réalisé le mystère de la communion des saints, adorant le Dieu trinitaire ; de tous ceux qui se sont rendus agréables à Dieu et constituent l'Église priante d'aujour-d'hui et des siècles à venir. Et la vénération des icônes, dans le culte de l'Église, a une importance majeure puisqu elles rapprochent les fidèles qui les vénèrent de Dieu, des présences hypostatiques des personnes représentées et des actes sacramentels célébrés dans la crainte de Dieu. Certes l'icône est aussi objet de la piété et de la prière dans les maisons privées, et dans toute la vie personnelle des Chrétiens, qui peuvent à tout moment de recueillement lever les yeux de leur âme vers les saintes images qui sanctifient leur vie particulière ; cela dans leur chambre ou ailleurs. C'est compréhensible et permis.

31. Toutefois cela ne signifie point que la banalisation de la fonction sacrée des icônes est permise, et notamment leur adaptation en élément décoratif des lieux de la vie mondaine, des maisons ou des salles d'exposition, où elles sont étalées par les gens du monde qui les apprécient seulement comme œuvre d'art. Il n'est pas non plus permis de traiter les icônes comme un article commercial ou un objet à graver sur le papier ou d'autres matières de peu de valeur selon les méthodes actuelles de reproduction industrielle ; pour en tirer du profit. Encore moins augmenter de manière illicite leur circulation dans la société sécularisée d'aujourd'hui.

32. De par le fait que nous considérons ces coutumes comme sacrilèges et impies, comme un très grave affront et une insulte au caractère sacré de l'icône, cette immense conquête spirituelle de la sainte Église orthodoxe, et que nous réputons ces coutumes comme des abus inadmissibles, nous condamnons toute exploitation des saintes images par qui que ce soit. Par conséquent nous encourageons les pasteurs de l'Église, qui ont la charge de veiller sur la santé spirituelle et morale des fidèles, à prendre soin qu'en tout soit assuré le respect du caractère sacré de l'icône, pour que celle-ci soit protégée contre tout danger de corruption et de dégradation. Nous exhortons les membres fidèles du plérome de l'Église à demeurer inébranlables dans la foi, la tradition et l'enseignement qui furent décrétés par les Saints Pères du VIIe concile œcuménique de Nicée, lesquels décidèrent que les icônes sont les habitations sacrées de la présence hypostatique des personnes représentées, pour la sanctification de notre vie et notre participation à la vie divine.

33. Voilà donc, très chers enfants dans le Seigneur, ce que notre humble personne en union avec les très saints métropolites, nos frères et concélébrants qui nous entourent, ceux de ce Trône œcuménique, apostolique et patriarcal, avait à vous dire sur les icônes, leur théologie, leur fonction et leur usage dans notre sainte Église orthodoxe. Le saint VIIe concile œcuménique de Nicée, dont nous célébrons aujourd'hui le glorieux douzième centenaire, ce concile qui a restauré les icônes, qui a basé sur le plan théologique l'enseignement de l'Église s'y rapportant, et qui a établi leur fonction et leur usage sanctifiants, a vraiment marqué de son sceau les siècles passés et marque encore de nos jours notre vie culturelle et spirituelle.

34. En attirant votre attention sur son œuvre de la plus grande importance, nous considérons ce concile non seulement comme un complément de la sainte lignée des conciles œcuméniques, puisqu'il est celui qui couronne les six précédents, mais aussi comme une étape décisive de notre Église Orthodoxe, qui a depuis toujours fondé et proclamé ses dogmes dans des conciles œcuméniques. Nous sommes surs que le divin fondateur de l'Église, le Christ, permettra de proclamer également comme œcuménique le grand concile qui eut lieu vers la moitié du neuvième siècle, et permettra de convoquer le plus rapidement possible le saint et grand concile que nous préparons avec tous les soins, pour édifier l'unité de notre sainte orthodoxie, et consolider et épanouir le corps de l'Église en Christ.

Qu'honneur, vénération et puissance soient rendus à notre Sauveur très bon, Jésus-christ, se reposant au-dessus de ses saints, ainsi qu'à son Père sans commencement et à son très saint et vivifiant Esprit, maintenant et toujours et dans les siècles. Amen.


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Le Synodikon de l’orthodoxie
Traduite par Jean Gouillard
Paru dans « Travaux et Mémoires - 2 »
Editions E. de Boccard, Paris 1967

Action de grâces anniversaire, due à Dieu le jour où nous avons
recouvré l'Église de Dieu, avec la proclamation des dogmes de la religion et la
déroute des impiétés de la malice.
Dociles à la parole du prophète, soumis aux invites de l'Apôtre et
instruits par le récit évangélique, nous fêtons le jour de la dédicace. Isaïe, en
effet, dit aux « îles de se renouveler au regard de Dieu », faisant allusion aux
Églises issues de la gentilité. Entendons par églises, non simplement les
édifices sacrés et leur splendeur, mais tout le corps des pieux fidèles y
assemblés et les hymnes et doxologies par lesquelles ils servent la divinité.
L'Apôtre, dans une invite pareille, nous exhorte à « mener une vie nouvelle » et
« commande à toute créature nouvelle dans le Christ » de se renouveler. La
parole du Seigneur enfin, découvrant une réalité prophétique, nous dit : «
On célébra la fête de la Dédicace à Jérusalem, c'était l'hiver », soit l'hiver
spirituel dans lequel le peuple juif soulevait contre notre commun Sauveur les
tempêtes et les remous de sa haine sanguinaire, soit celui qui afflige nos sens
par le refroidissement de l'air. Nous avons eu en effet, nous avons eu nous aussi
notre hiver — et quel hiver celui qui répand la rigueur du plus grand des maux.
Mais voici qu'a fleuri pour nous le printemps propice des faveurs divines, qui
nous trouve tous rassemblés pour offrir à Dieu la prière de reconnaissance en
retour de l'heureuse moisson, et nous pouvons bien dire avec le psalmiste : «
L'été et le printemps, c'est toi qui les a faits, souviens-toi d'elle. »
En vérité, les ennemis qui avaient outragé le Seigneur et déshonoré le
saint culte qui lui est rendu dans les saintes images, les ennemis exaltés et
enorgueillis par leurs impiétés, le Dieu des merveilles les a brisés et il a
précipité à terre l'insolence des apostats. Il n'a pas fermé l'oreille à la voix
de ceux qui criaient vers lui : « Souviens-toi, Seigneur, de l'outrage infligé à
tes serviteurs, de l'outrage que je porte en mon sein, de toutes les nations, de
celui que t'ont fait tes ennemis, Seigneur, de celui qu'ils ont fait au
substitut"' de ton Oint. » Par substitut de l'Oint, entendons ceux qui ont été
rachetés par sa mort et ont cru en lui, par la parole de la prédication et la
figuration en images au moyen desquelles le grand œuvre de l'Économie est
connu de ceux qui ont été rachetés, par sa croix et par sa passion et ses
miracles d'avant et après la croix, d'où l'imitation de ses souffrances se
transmet aux apôtres, d'eux aux martyrs, et par ceux-ci arrive aux
confesseurs et aux ascètes.
De cet outrage infligé par les ennemis du Seigneur, infligé au substitut de
son Oint, Notre Seigneur s'est souvenu, ému dans ses entrailles, fléchi par les
supplications maternelles, celles aussi des apôtres et de tous les saints qui
ont été outragés avec lui et ont été méprisés de pair avec les images — de
sorte qu'ayant partagé ses souffrances dans la chair, ils communient aussi,
naturellement, avec lui dans les outrages portés contre les images —
aujourd'hui enfin il a mis en œuvre ce qu'il avait résolu, et il a accompli une
seconde fois ce qu'il avait fait une première.. La première fois, au terme de
longues années de mépris et de déshonneur, marqués aux saintes images, il
a ramené la piété à elle-même. A présent, et c'est la deuxième fois, après une
persécution de près de trente années, il a ménagé à notre indignité le
soulagement de nos épreuves, la délivrance de nos persécuteurs, la
3
proclamation de la piété, la liberté du culte des images et la fête qui nous
apporte tous les bienfaits du salut. Dans les images, en effet, nous
contemplons les souffrances endurées pour nous par le Seigneur, la croix, le
tombeau, la mise à mort et la spoliation d'Hadès, les combats des martyrs et
leurs couronnes, le salut lui-même que l'arbitre et rémunérateur souverain et
notre premier triomphateur « a accompli au milieu de la terre ». Telle est la
solennité que nous célébrons en ce jour ; nous y répandons notre joie et notre
exultation communes en prières et supplications, et nous nous écrions en
psaumes et en hymnes : « Quel Dieu est grand comme notre Dieu ? Tu es
notre Dieu, le seul qui fait des merveilles. » Ceux qui ravalaient ta gloire, tu
les as tournés en dérision ; les insolents qui attentaient à ton image, tu les as
révélés poltrons et fuyards.
Voilà pour l'action de grâces envers Dieu et le triomphe du Seigneur sur ses
adversaires. Pour les combats et les exploits contre les iconomaques, un autre exposé,
un récit plus développé les racontera. En guises de repos après la traversée du
désert, entrés en possession de la Jérusalem spirituelles, comme une réplique de
l'histoire mosaïque ou plutôt à l'injonction de Dieu, ainsi que sur une stèle
construite de grosses pierres et préparée pour recevoir l'écriture, nous avons tenu
pour devoir de justice et de reconnaissances de graver dans le cœur de nos frères, et
les bénédictions dues aux observateurs de la loi et les malédictions auxquelles se
soumettent eux-mêmes les transgresseurs. C'est pourquoi nous disons :
Ceux qui confessent l'avènement en chair de Dieu le Verbe en parole, de
bouche, de coeur et d'esprit, par l'écriture comme par les images, éternelle leur
mémoire.
Ceux qui savent la distinction en essences de la seule et même hypostase du Christ,
lui attribuent les propriétés de créé et incréé, visible et invisible, passible et impassible,
limité et, illimité, et appliquant à l'essence divine celle de créé et les autres
semblables, confessent de la nature humaine, entre autres, la limitation, à la fois par
la parole et par les images, éternelle leur mémoire.
Ceux qui croient et proclament ou prêchent les idées par l'écriture, les faits par
les figures, et que l'un et l'autre : et la prédication au moyen du discours et la
confirmation de la vérité au moyen des images, concourent à une même utilité,
éternelle leur mémoire.
Ceux qui sanctifient leurs lèvres par la parole, puis leurs auditeurs par cette même
parole, qui savent et proclament que les vénérables images sanctifient pareillement
le regard de ceux qui les contemplent et élèvent l'esprit à la connaissance de Dieu, de
pair avec les temples divins, les vases sacrés et tous les autres saints objets, éternelle
leur mémoire.
Ceux qui savent que la verge et les tables, l'arche et le chandelier, la table et
l'encensoir décrivaient par avance et préfiguraient la toute sainte vierge Maries",
mère de Dieu, que ces objets la préfiguraient, mais qu'elle n'a pas été ces objets,
qu'elle est née femme et qu'elle est demeurée vierge après l'enfantement divin, et,
pour cette raison, préfèrent représenter la femme elle-même dans ses images
plutôt que de l'esquisser dans ses figures, éternelle leur mémoire.
Ceux qui connaissent et admettent les visions des prophètes telles que la
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Divinité elle-même leur a donné formes et contours, et croient ce que le choeur
des prophètes a raconté pour l'avoir vu, et tiennent fermement la tradition,
écrite et non écrite, transmise aux Pères par la voie des apôtres, et, pour cette
raison, représentent en images les Saintes réalités et les honorent, éternelle
leur mémoire.
Ceux qui pénètrent le langage de Moïse : Tenez-vous sur vos gardes,
parce que le jour où le Seigneur a parlé, à l'Horeb, sur la montagne, vous
avez entendu le son des paroles, mais vous n'avez pas vu de forme », et
savent répondre comme il convient : Si nous avons vu quelque chose, nous
l'avons vraiment vu, ainsi que le fils du tonnerre nous l'a enseigné : Ce qui
était dès le commencement, ce que nous avons entendu, ce que nous avons
vu, ce que nous avons contemplé de nos yeux et que nos mains ont touché du
Verbe de vie, c'est ce dont nous vous rendons témoignage », et aussi les
autres disciples du Verbe : « Nous avons mangé et bu avec lui », non
seulement avant la passion, mais aussi après la passion et la résurrection :
Ceux donc qui ont reçu de Dieu la force de distinguer l'interdit contenu par
la Loi et l'enseignement apporté par la Grâce, d'une part ce qui, dans la Loi,
est invisible, d'autre part ce qui, dans la Grâce, est visible et palpable, et,
pour cette raison, représentent en images les réalités vues et touchées et les
vénèrent, éternelle leur mémoire.
Ainsi que les prophètes ont vu, que les apôtres ont enseigné, que l'Église
a reçu la tradition, que les docteurs ont défini, que l'univers a
unanimement consenti, que la Grâce a resplendi, que la vérité a
éclaté, que le mensonge a été expulsé, que la sagesse a parlé avec
assurance, que le Christ a triomphé, ainsi nous pensons, ainsi nous
parlons, ainsi nous prêchons, honorant le Christ, notre vrai Dieu et ses
saints, en paroles, en écrits, en pensées, par des sacrifices, par des
sanctuaires, par des images, adorant et révérant l'un comme Dieu et Seigneur,
honorant les autres par égard au Seigneur commun et comme ses bons
serviteurs et leur rendant le culte relatif. Telle est la foi des apôtres, telle la
foi des Pères, telle la foi des orthodoxes, telle la foi qui a affermi l'univers247.
Et maintenant, nous acclamons, fraternellement et filialement, les
hérauts de la foi, à la gloire et à l'honneur de la piété pour laquelle ils ont
lutté, et nous disons :
Germain, Tarasios, Nicéphore et Méthode, les vrais pontifes de Dieu,
champions et docteurs de l'Orthodoxie, éternelle leur mémoire.
(Ignace, Photius, Étienne, Antoine et Nicolas, les très saints patriarches
orthodoxes, éternelle leur mémoire).
Tout ce qui a été écrit ou proféré contre les saints patriarches (Germain),
Tarasios, Nicéphore et Méthode (Ignace, Photius, Étienne, Antoine et
Nicolas), anathème.
Tout ce qui a été innové, a été perpétré ou pourra l'être encore à l'encontre
de la tradition ecclésiastique, de l'enseignement et des règles des saints et
glorieux pères, anathème.
(Étienne le Jeune, « hosiomartyr » et confesseur, éternelle sa
mémoire).
Euthyme, Théophile et Émilien, les glorieux confesseurs et archevêques,
éternelle leur mémoire.
Théophylacte, Pierre, Michel et Joseph, les bienheureux métropolites,
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éternelle leur mémoire.
Jean, Nicolas et Georges, les trois fois heureux confesseurs et archevêques,
et tous les évêques en communion de pensée avec eux, éternelle leur
mémoire.
Théodore, le très saint higoumène du monastère de Stoudios, éternelle sa
mémoire.
Isaac le thaumaturge et Joannice fameux par son don de prophétie,
éternelle leur mémoire.
Hilarion, le très saint archimandrite et higoumène du monastère de
Dalmatos, éternelle sa mémoire.
Péméon, le très saint stylite, éternelle sa mémoire.
(Théophane, le très saint higoumène du Grand-Champ, éternelle sa
mémoire).
De même que ces bénédictions accordées aux Pères se transmettent d'eux à
nous, leurs fils et les émules de leur piété, ainsi les malédictions atteignent les
parricides et les contempteurs des commandements du Seigneur. C'est pourquoi
nous, la pieuse communauté tout entière, nous leur appliquons ainsi l'anathème sous
lequel ils se sont eux-mêmes placés :
Ceux qui admettent verbalement l'Incarnation de Dieu le Verbe, mais ne
souffrent pas de la voir en images et, de ce fait, feignent de l'admettre en parole,
mais renient en réalité notre salut, anathème.
Ceux qui, par suite d'un attachement abusif au terme « illimité », refusent de
représenter le Christ, notre vrai Dieu, « qui a partagé avec nous la chair et le sang
», et s'avèrent ainsi des phantasiastes, anathème.
Ceux qui admettent, bon gré mal gré, les visions des prophètes, mais rejettent les
tableaux qu'ils ont vus, ô merveille, avant même l'incarnation du Verbe, et, ou bien
arguent à la légère, que c'est l'essence insaisissable et invisible elle-même qui est
apparue aux voyants, ou bien conviennent que ces spectacles se sont manifestés
aux visionnaires comme une image, des figures et des esquisses de la vérité ; mais
ne souffrent pas que l'on représente en image le Verbe incarné ni la passion qu'il a
endurée pour nous, anathème.
Ceux qui entendent la parole du Seigneur : « Si vous croyiez Moïse, vous me
croiriez aussi » et la suite, et le langage de Moïse à ceux qui ont l'intelligence : « Le
Seigneur notre Dieu vous suscitera d'entre vos frères un prophète comme moi », et,
après cela, disent qu'ils admettent le prophète, mais ne proposent pas en images la
Grâce du prophète et le Sauveur du monde, tel qu'il a été vu, a partagé la vie des
hommes, a guéri des infirmités et des maladies incurables, a été crucifié, enseveli,
est ressuscité, a tout subi et accompli pour nous : A ceux donc qui ne souffrent pas
de voir en images ces hauts faits du salut du monde ni ne les honorent et vénèrent,
anathème.
Ceux qui persévèrent dans l'hérésie iconomaque ou plutôt dans l'apostasie
christomaque, qui refusent de se laisser amener à leur salut par la législation
mosaïque, ne consentent pas à réintégrer la piété à la lumière des enseignements
apostoliques, ne font pas confiance aux exhortations et avis des Pères pour revenir
de leur égarement, n'ont aucun égard au consentement universel des Églises répandues
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par toute la terre, mais, au contraire, se rangent une fois pour toutes au parti des Juifs
et des Grecs — car les les blasphèmes que ceux-ci profèrent directement contre
l'original, eux ont l'impudence de les porter, à travers son image, contre celui-là
même qui est figuré — ceux donc qui, prisonniers désespérés de cet égarement,
bouchent leurs oreilles à toute parole divine et à tout enseignement spirituel, comme à
des membres déjà pourris qui se retranchent eux-mêmes du corps universel de
l'Église, anathème.
Anastase, Constantin et Nicétas, qui ont présidé à l'hérésie sous les Isauriens,
comme à des prêtres indignes et à des guides de perdition, anathème.
Théodote, Antoine et Jean, qui se sont transmis le mal et se sont succédé
dans l'impiété, anathème.
A Paul, revenu à Saul, et à Théodore dénommé Gastès et à Étienne Molitès, et
encore à Théodore Krithinos et à Laloudios Léon et, en outre, à quiconque
partage l'impiété des susdits, quel que soit son rang dans le clergé, sa dignité ou sa
fonction, à tous ceux-là, qui persévèrent dans leur impiété, anathème.
[Articles divers ajoutés dans la suite au synodikon des images)
Gérontios, originaire de Lampé, qui a craché en Crète le venin de son impure
hérésie et s'est proclamé lui-même Oint, pour la ruine, ô horreur, de l'Incarnation
salutaire du Christ, à ses doctrines et ses écrits pervers et à ses adeptes, anathème.
L e s a r t i c l e s d ' I t a l o s
Ceux qui tendent d'introduire de quelque façon un examen et un enseignement
nouveaux touchant l'ineffable économie de l'incarnation de notre Sauveur et Dieu, et
d'examiner suivant quel mode Dieu le Verbe s'est uni à la pâte humaine, et
suivant quel principe il a divinisé la chair assumée, et s'évertuent à jongler avec les
distinctions dialectiques : e de nature et d'adoption », à propos du prodige
surnaturel des deux natures de l'Homme-Dieu, anathème.
Ceux qui, professant l'orthodoxie, introduisent impudemment, ou plutôt
d'une manière impie, dans l'Église orthodoxe et catholique les doctrines impies
des Grecs sur l'âme humaine, le ciel, la terre et le reste de la création, anathème.
Ceux qui donnent leur préférence à la prétendue et folle sagesse des philosophes
profanes, se rangent derrière leurs maîtres, admettent les métempsychoses de
l'âme humaine, ou qu'elle périt comme celle des animaux et retourne au néant, et,
par là, nient la résurrection, le jugement et la rétribution finale des actions de cette
vie, anathème.
Ceux qui enseignent que la matière et les Idées n'ont pas de commencement, ou
qu'elles ont commencé en même temps que le Dieu démiurge de l'univers, et que
le ciel, la terre et le reste des créatures sont éternel; et sans commencement, et
persévèrent inaltérés, et qui contredisent celui qui a dit : « Le ciel et la terre
passeront, mes paroles ne passeront pas » et qui tiennent des vains propos
terrestres et attirent la malédiction divine sur leur propre tête, anathème.
Ceux qui disent que les sages des Grecs, les premiers des hérésiarques soumis à
7
l'anathème par les sept conciles universels et tous les Pères qui ont brillé par leur
orthodoxie, comme étrangers à l'Église catholique en raison de l'abondance de
leurs discours frelatés et impurs, l'emportent de beaucoup, ici-bas comme au
jugement futur, sur les pieux orthodoxe; qui ont pu pécher par ignorance ou
faiblesse humaine, anathème.
Ceux qui n'admettent pas d'une foi pure et simple, de tout leur coeur les
extraordinaires miracles de notre Sauveur et Dieu, de Notre Dame la Théotokos, qui
l'a enfanté sans souillure, et des autres saints, mais s'évertuent, par des démonstrations
et raisonnements sophistiques, à les dénigre; comme impossibles, ou à les interpréter
fallacieusement, comme bon leu] semble, et à les arranger à leur idée, anathème.
Ceux qui s'adonnent aux disciplines helléniques et ne les étudient pas à seule
fin d'instruction, mais se rangent à leurs théories vaines, croient à leur vérité, y
adhèrent comme si elles étaient fondées, au point initier les autres,
clandestinement ou au grand jour, et de les leur enseigne] sans hésitation, anathème.
Ceux qui, entre autres fictions mythiques, refondent, de leur propre chef,
notre doctrine de la création, admettent comme vraies les Idées platoniciennes,
prétendent que la matière, intrinsèquement subsistante, reçoit sa forme des Idées,
contestent ouvertement le libre arbitre du Démiurge qui a amené toutes choses
du néant à l'existence et, comme créateur, a fixé à toutes choses, en souverain
absolu, un commencement et un terme, anathème.
Ceux qui disent qu'à la résurrection finale et universelle, c'est avec d'autres
corps que les hommes ressusciteront et seront jugés, et non avec ceux de leur vie
terrestre, sous prétexte que ceux-ci se sont décomposés et ont péri, qui débitent des
propositions creuses et vaines, quand le Christ, notre Dieu, et ses disciples, nos
maîtres, ont enseigné que les hommes seront jugés avec les mêmes corps qui
furent les leurs ici-bas, quand le grand apôtre Paul, dans son discours sur la
résurrection, a enseigné la vérité expressément, tout au long, avec des exemples,
et dénoncé comme insensés ceux qui pensent autrement : Ceux donc qui s'érigent
contre ces dogmes et enseignements, anathème.
Ceux qui accueillent et communiquent les vains propos des Grecs, à savoir, qu'il
y a préexistence des âmes, que l'univers n'a pas été tiré du néant, que le châtiment
finira ou qu'il y aura une restauration de la création et des choses humaines, et, en
tenant ces propos, introduisent un royaume des cieux entièrement destructible et
passager, alors que le Christ lui-même, notre Dieu, nous l'a enseigné éternel et
indestructible, et que, suivant la tradition constante de l'Écriture, Ancien et
Nouveau Testament, le châtiment n'aura pas de fin et le royaume est éternel. Ceux
qui par de pareils propos se perdent eux-mêmes et causent la condamnation
éternelle des autres, anathème.
Les propositions et doctrines helléniques et hétérodoxes, ou encore contraires à
la foi catholique et immaculée des orthodoxes, introduites, au mépris de la foi
chrétienne et orthodoxe, par Jean Italos et ceux de ses disciples qui partagent sa
peste, anathème.
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Le moine Nil
Toutes les propositions impies du moine Nil et ceux qui les partagent, anathème.
[Anathèmes relatifs aux Bogomiles ou à des sectaires apparentés)
[I. Usage d'une métropole non identifiée]
Ceux qui ne confessent pas l'unité de nature de la Trinité, sainte,
consubstantielle, indivisible, partageant le même honneur et le même trône,
coéternelle, Père, Fils et Saint-Esprit, mais confessent un ange surajouté,
dénommé Amen, qui est le Fils, et une nature différente et inférieure encore pour
le Saint-Esprit, égal en puissance au Père et au Fils, ceux-là, anathème.
Ceux qui ne confessent pas que Dieu est le créateur du ciel et de la terre et de
toutes les créatures, le modeleur d'Adam et l'auteur d'Ève, mais disent que «
l'Adversaire » est le prince et le créateur de l'univers et le modeleur du genre
humain, ceux-là, anathème.
Ceux qui ne confessent pas que le Verbe Fils de Dieu, né de lui sans
altération avant les siècles, aux derniers temps, dans son immense compassion, a pris
chair de l'immaculée Théotokos Marie, s'est fait homme pour notre salut et a
assumé tout ce qui est nôtre, hormis le péché ; ceux qui ne communient pas à ses
saints et immortels mystères avec crainte, comme à la chair même du Seigneur et à
son saint et précieux sang répandu pour la vie du monde, mais comme à du pain
ordinaire et à une boisson commune, ceux-là, anathème.
Ceux qui ne vénèrent pas la croix de Notre-Seigneur Dieu et Sauveur Jésus-
Christ parce qu'elle a été le salut et la gloire de l'univers, a ruiné et anéanti les ruses
et les armes de l'ennemi, libéré des idoles la création et fait briller la victoire sur le
monde, mais (la considèrent) comme un instrument de tyrannie, ceux-là,
anathème.
Ceux qui ne vénèrent pas l'auguste et sainte image de notre Seigneur Dieu et
Sauveur Jésus-Christ comme l'effigie du Verbe Dieu incarné pour nous, et ne le
glorifient pas tel qu'on le représente dans son image, de même pour sa mère
immaculée et tous ses saints, mais appellent ces images des idoles, ceux-là anathème.
[II. Usage d'une Église suffragante d'Athènes]
Notre Seigneur Dieu et Sauveur Jésus-Christ, par ses saints disciples et
apôtres, nous a transmis dans sa pureté le mystère de la foi, il nous a dit aussi que
dans les derniers jours « viendront de nombreux faux prophètes et faux Christs »,
et il nous a recommandé de nous garder d'eux ; en suite de quoi, Paul, le héraut de
Dieu, a écrit à Timothée que « dans les derniers temps, certains renieront la foi
pour s'attacher à des esprits trompeurs et à des doctrines diaboliques, séduits par
des menteurs hypocrites marqués au fer rouge dans leur conscience ; ces gens-là
interdisent le mariage et l'usage d'aliments que Dieu a créés pour être pris avec
action de grâces par les croyants et ceux qui ont connaissance de la vérité. Car tout
ce que Dieu a créé est bon et aucun aliment n'est à proscrire, si on le prend avec
action de grâces : la parole de Dieu et la prière le sanctifient ». Et encore : « Ils
sont bien du nombre, ceux qui s'introduisent dans les maisons et envoûtent des
femmelettes chargées de péchés, entraînées par toutes sortes de passions, et qui,
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toujours à s'instruire, sont incapables de parvenir à la connaissance de la vérité.
»
Puisque cela nous a été prédit par notre Sauveur Dieu et prêché par l'Apôtre,
soyons sur nos gardes, bien-aimés. Conformément à ces prophéties, maintenant
que nous sommes arrivés aux derniers temps, l'hérésie, mêlée et aux noms
multiples, des Messaliens, ou Bogomiles, envahit à présent toutes les villes, les
campagnes et les provinces, et ses missionnaires ne cessent de séduire les
simples ; s'intitulant eux-mêmes « chrétiens », ces ennemis du Christ, à la faveur
de ce nom, se mêlent aux orthodoxes ; sans être découverts, car ils cachent le
loup sous la toison de l'agneau, ils puisent les principes de leur doctrine creuse
dans nos vénérables Écritures, et, une fois que, sous ce masque, ils ont gagné la
confiance et que les auditeurs commencent à leur prêter attention, alors ils
jettent leur venin et, devenus désormais familiers, ils vomissent les doctrines
maudites de Satan, et c'est elles qu'avec eux nous vouons à l'anathème comme
frelatées, impures et étrangères à l'Église catholique.
Pierre, chef de l'hérésie des Messaliens, ou encore Lykopétriens, Phoundadites,
Bogomiles, qui s'est donné le nom de Christ et a promis de ressusciter après sa
mort, surnommé Lykopétros du fait que, justement enseveli sous des pierres en
raison de ses sorcelleries sans nombre et de sa conduite abominable, il avait
promis à ses méchants initiés de ressusciter au bout de trois jours, et que, tandis
qu'ils se tenaient autour de son infâme dépouille, trois jours plus tard, un démon
sortit à cet endroit du tas de pierres sous la forme d'un loup, anathème.
Tychikos, son coreligionnaire et disciple, qui a altéré et déformé les divines
Écritures, particulièrement l'Évangile entier de Matthieu, et a détourné au pro fit
de son père spirituel toutes les phrases relatives à Dieu le Père et aussi à l'Esprit
Saint, dérivant de la sorte la gloire de Dieu vers les chefs de son infâme hérésie,
anathème.
Dadoès, Sabas, Adelphios, Hermas et Péméon, et les autres qui, en vomissant le
venin d'une telle hérésie et en égarant les plus frustes, hommes et femmes, les
ont attirés dans le gouffre de la perdition, anathème.
Ceux qui disent qu'en plus de la sainte et vivifiante Trinité, à savoir, Dieu le
Père, le Verbe Fils de Dieu incarné, Notre Seigneur Jésus-Christ, et le très Saint-
Esprit, il existe une autre Trinité ou encore une Puissance suprême, trônant sur
le plus élevé des sept cieux, conformément à leur infâme et apocryphe Vision
d'Isaë, anathème.
Ceux qui introduisent d'autres Écritures que celles qui ont été dictées par le
Saint-Esprit et nous ont été transmises par les saints pères, anathème.
Ceux qui disent que « le mariage dans le Seigneur » et l'usage de la viande
selon Dieu sont en abomination à Dieu et, pour cette raison, les abolissent l'un et
l'autre, anathème.
Ceux qui abolissent et décrient comme de vains bavardages toutes les prières et
hymnes qui nous ont été transmises, d'abord par les divins apôtres (« cherchez
dans l'Esprit votre plénitude », est-il écrit, « récitez entre vous des psaumes et des
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cantiques inspirés ») puis, successivement, par les divins et bienheureux Pères et
docteurs de l'Église ; ceux donc qui enseignent, au principe de leur apostasie, à
pratiquer uniquement le Pater avec des prosternations, sans imprimer sur leur
visage le signe de la croix du Seigneur, sous le prétexte que c'est notre Seigneur
Jésus-Christ lui-même qui nous a communiqué cette prière, en réalité pour invoquer
leur infâme père, Satan ; car c'est pour cela qu'ils rejettent aussi le signe de croix
et ne supportent pas d'entendre l'antienne terminale à la gloire de la sainte et
consubstantielle Trinité, ajoutée par les divins luminaires et guides de l'Église,
savoir, « parce qu'à toi est la royauté et la puissance et la gloire, Père, Fils et
Saint-Esprit » ; ceux donc qui pensent et enseignent de la sorte et persévèrent
jusqu'à la fin dans cette obstination perverse, anathème.
Ceux qui détestent les assemblées à l'église, siègent dans des endroits à eux et
y enseignent, sous prétexte de tranquillité, en réalité pour 'que leur doctrine
impure demeure inaperçue et à l'abri de la réfutation, de sorte qu'ils puissent
déverser en cachette tout le venin de leur hérésie dans les esprits qu'ils ont égarés
; tous ceux-là qui persévèrent jusqu'à la fin dans une telle erreur, anathème.
Ceux qui décrient comme « oeuvres des mains » les églises que la tradition des
saints apôtres nous a appris à élever à la gloire de Dieu, qui les appellent des
repaires de démons, et vont ainsi leur chemin ; qui, en conséquence, attaquent la
vénérable exposition des divines et sacrées images ainsi que l'honneur et le culte à
elles rendus ; ces membres entièrement corrompus et gangrenés, anathème.
Ceux qui s'emploient à ruiner les instructions données par Notre-Seigneur
Dieu et Sauveur, Jésus-Christ, à ses saints apôtres, à savoir : « baptiser ceux qui
croient en lui au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit », et, « à moins de naître
d'eau et d'Esprit, nul ne peut entrer au royaume de Dieu » ; ceux donc qui ferment
les yeux à tout cela et, sous l'influence de la « vertu satanique » qui opère en eux,
osent proférer la sottise que le saint baptême est de l'eau ordinaire, parce qu'ils
sont hors de notre foi et de l'Église et définitivement étrangers à Dieu,
anathème.
Ceux qui, dans le fil de ces sottises et insanités, appellent la précieuse et
vivifique croix une potence, et le baptême une eau ordinaire qui n'apporte pas la
rémission des péchés ni ne vient de l'Esprit, mais qui se font, fort de donner, eux, le
baptême de l'Esprit lorsqu'ils vêtent leurs abominables initiés de l'habit
pseudomonastique et pratiquent sur eux leur fameuse invocation, ou plutôt
consomment le naufrage de leur âme et de leur corps, anathème.
Ceux qui disent que la communion au corps et au sang précieux de Notre
Seigneur Dieu et Sauveur Jésus-Christ est une communion à du pain et du vin
ordinaires, et qui, précisément pour cette raison, conseillent aux laïcs convertis de
s'en approcher sans être à jeun, et de communier par hypocrisie et pour passer
inaperçus ; invitent les prêtres convertis à célébrer sans être à jeun la divine et
terrible liturgie ; ceux-là, antéchrists déclarés, malgré le nom qu'ils se donnent de
"christopolites », anathème.
Ceux qui, pour la ruine de toute foi en Dieu, célèbrent divers rites pervers au
cours de leur initiation impie et, au lieu du souffle divin et sacré que nous avons
reçu lors de l'insufflation mystique du Saint-Esprit, projettent sur les candidats
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initiés des crachats dont ils sont bien dignes, et pratiquent ainsi sur leurs initiés ce
que nous pratiquons nous-mêmes contre les démons ; ceux qui, en outre, frottent
d'eau souillée avec une éponge les sujets des pieds à la tête pour abolir le saint
baptême et la présence illuminatrice de l'Esprit divin, anathème.
Voilà les semailles de l'impiété perverse, voilà la récolte de l'impiété du
pervers Satan. Quant à nous, peuple élu du Christ, attachons-nous du fond du coeur
aux enseignements divins et apostoliques et aux traditions des Pères, fuyant de toute
notre âme les doctrines abominables de l'impiété, nous tenant loin de leur
superstition funeste, rendant une adoration pure à Dieu reconnu et adoré dans la
Trinité des Personnes, ou hypostases, auquel gloire et puissance maintenant et
toujours et dans les siècles des siècles. Amen.
[Eustratios de Nicée] [I. Usage commun]
Les propositions étrangères à la doctrine orthodoxe de l'Église relevées dans les
deux traités composés par Eustratios, ci-devant métropolite de Nicée, contre les
Arméniens, et anathématisées.
Ceux qui introduisent, à propos de l'Incarnation de Notre Seigneur Dieu et
Sauveur Jésus-Christ, des propositions vaines, et disent ou pensent que l'humanité du
Christ rend un culte d'esclave à la Déité inaccessible et
possède la condition éternelle d'esclave comme une propriété essentielle et
inséparable, anathème.
Ceux qui n'emploient pas avec la plus grande réserve la distinction de raison, à
seule fin de montrer l'altérité des deux natures qui concourent ineffablement dans le
Christ et sont unies en lui sans confusion ni division, mais, abusant de cette
distinction, disent que l'humanité assumée est quelque chose d'autre, non seulement
en nature mais aussi en dignité, et qu'elle adore Dieu et s'acquitte envers lui d'un
service d'esclave, lui rend l'honneur convenable comme une dette, tout de même
que les « esprits serviteurs » qui servent Dieu et adorent en esclaves — et
enseignent que la nature assumée, et non le Verbe de Dieu en tant qu'il s'est fait
homme, est proprement le grand prêtre : parce qu'ils osent diviser hypostatiquement
l'unité du Christ notre Seigneur Dieu, anathème.
[II. Usage de l'Église de Lacédémone]
Ceux qui disent esclave la nature assumée et, en général, tous les chapitres
anathématisés par celui qui les a proposés, anathème.
Ceux qui disent ou pensent que l'humanité du Christ rend un culte servile à la
Déité inaccessible, ou est éternellement esclave, en vertu d'une servilité essentielle et
inséparable, ou qu'elle est autre en dignité, ou qu'elle adore la Déité et la sert par ses
puissances, ou qu'elle se parfait en vertu, ou que, en tant qu'imparfaite, elle aspire à
ce perfectionnement, ou qu'elle est purifiée par la perfection des vertus et fait
retour à la Déité et est dépendante d'elle, anathème.
Ceux qui disent que c'est la nature humaine qui est le souverain prêtre, non pas
proprement le Christ, anathème.
12
Quiconque n'use pas avec la plus grande réserve de la distinction de raison, à
seule fin de souligner l'altérité des natures qui concourent dans le Christ mais,
abusant d'elle, dit que dans la même personne du Christ ceci est seigneur, cela est
esclave, et que cette servitude est essentielle et inséparable, et que l'humanité
assumée rend l'honneur convenable comme une dette, telle qu'une créature à son
créateur, tout de même que les « esprits serviteurs » qui servent et adorent Dieu
servilement, anathème.
[III. Usage d'un siège suffragant d'Athènes]
Tout ce qui a été écrit et dit d'étranger à l'orthodoxie et à la piété contre la
droite doctrine de la foi immaculée des chrétiens par Eustratios de Nicée,
anathème.
[Le sacrifice du Christ et la rédemption]
Les propositions introduites et répandues oralement par Michel, ci-devant
didascale, prôtekdikos et maïstôr des rhéteurs, et Nicéphore Basilakès,
didascale des Épîtres, diacres de la sainte Grande Église de Dieu à
Constantinople, adoptées par le métropolite de Dyrrachium Eustathios, et
soutenues par écrit par Sotèrichos, dénommé Panteugénos, diacre de la même église,
patriarche élu de Théoupolis, la grande Antioche, et d'autres propositions
introduites et publiées par écrit par le même Sotèrichos, le tout plus tard
anathématisé et rejeté par eux, et que le saint synode assemblé sur l'ordre de Manuel
Comnène, grand basileus orthodoxe, porphyrogénète, et autokratôr des Romains, a
condamnées et soumises à l'anathème, anathème.
Ceux qui disent que le Sacrifice de son corps et de son sang précieux offert, au
moment de la passion, pour notre salut, par Notre-Seigneur Dieu et Sauveur
Jésus-Christ, remplissant pour nous le rôle de grand prêtre dans son humanité,
parce qu'il est à la fois Dieu, sacrificateur et victime, suivant Grégoire le
Théologien, il l'a offert à Dieu le Père, mais que le Fils unique et le Saint-Esprit ne
l'ont pas reçu comme Dieu avec le Père — parce qu'ils frustrent Dieu le Verbe luimême
et le Paraclet consubstantiel à lui, son pair en gloire, de l'égalité d'honneur et
de dignité qui est la leur, anathème.
Ceux qui n'admettent pas que le sacrifice offert chaque jour par ceux qui ont
reçu du Christ la mission de célébrer les divins mystères est offert à la sainte
Trinité — parce qu'ils contredisent les saints et divins Pères Basile et
Chysostome, avec lesquels concordent les autres Pères théophores dans leurs
discours et écrits, anathème.
Ceux qui entendent les paroles du Sauveur au sujet de la célébration des divins
mystères léguée par lui : « Faites ceci en mémoire de moi » ; Mais n'interprètent
pas correctement « mémoire », et osent dire que le sacrifice offert, chaque jour, par
les ministres des divins mystères, conformément à la tradition de notre Sauveur et
Seigneur de l'univers, « renouvelle figurativement » et sous forme d'image le
sacrifice, offert sur la précieuse croix par notre Sauveur, de son propre corps et de
son sang pour la rançon commune et l'expiation (des péchés) du genre humain, et
qui, ainsi, y voient un sacrifice différent de celui offert à l'origine par le Sauveur —
13
et cela quand notre divin et très sage Père Jean Chrysostome proclame l'identité du
sacrifice et son unicité dans ses nombreux commentaires des paroles du grand Pau,
anathème.
Ceux qui inventent et introduisent abusivement des intervalles temporels dans la
réconciliation de la nature humaine avec la divine et bienheureuse nature de la
Trinité vivifiante et toute pure, et édictent qu'elle a d'abord été réconciliée au Verbe
Monogène du fait même de l'Incarnation, plus tard à Dieu le Père lors de la passion
salutaire du Seigneur Christ, et qui divisent l'indivisible, quand les divins et
bienheureux Pères nous enseignent que le Fils unique nous a réconciliés à luimême
par l'ensemble du mystère de l'économie et, par lui-même et en lui-même, à
Dieu le Père, et conséquemment à l'Esprit Saint et vivifiant — à ces inventeurs
de nouveautés étrangères, anathème.
[Premier synode au sujet de l'expression : « Mon Père est plus grand que moi »]
Doctrine jadis écrite et transmise par les saints Pères théophores, hérauts de la
vérité et docteurs de la sainte Église de Dieu, aujourd'hui — à l'initiative inspirée
du ciel et la sollicitude arbitrale287 du couronné de Dieu, très puissant,
théologien, orthodoxe, triomphateur, saint, notre grand empereur porphyrogénète
et autokratôr Manuel Comnène — clairement exposée par le saint et divin synode
assemblé sur son ordre et imposée à la déclamation en cet auguste jour.
Ceux qui n'entendent pas correctement les divines formules des saints docteurs de
l'Église de Dieu et tentent de fausser et de déformer les points qui y sont clairement
et nettement définis par la grâce du Saint-Esprit, anathème.
Ceux qui admettent que la parole de notre vrai Dieu et Sauveur Jésus-Christ : «
Mon Père est plus grand que moi » a été prononcée aussi, entre autres
interprétations des saints Pères, par référence à son humanité suivant laquelle il a
notamment souffert, comme les saints Pères le proclament expressément dans
nombre de leurs oeuvres inspirées, et qui disent, en outre, que le même Christ a
souffert selon sa chair, éternelle leur mémoire.
Ceux qui pensent et énoncent que la divinisation de l'élément assumé a
consisté dans une transformation de la nature humaine en divinité, et qui ne
pensent pas que, en vertu de l'union elle-même, le corps du Seigneur partage la dignité
et la majesté divine et reçoit la même adoration en Dieu le Verbe qui l'a assumé et
détient le même honneur, la même gloire, la même puissance vivifiante, le
même renom et le même trône que Dieu Père et Saint-Esprit, sans devenir pour cela
consubstantiel à Dieu au point d'échapper aux propriétés naturelles de créature, de
limitation et autres, constatées dans la nature humaine du Christ, mais se transforme
dans l'essence de la Déité — ce qui revient à avancer, soit que l'incarnation et la
passion du Seigneur n'ont pas été réelles, mais seulement apparentes, soit que la
Divinité du Fils unique a souffert, anathème.
Ceux qui disent que la chair du Seigneur, exaltée et surélevée, en vertu de
l'union, au-dessus de tout honneur, en tant que devenue, par l'union intime, l'égale
de Dieu sans changement ni altération, sans confusion ni mutation, à cause de
l'union hypostatique, demeurant inséparable et indissociable de Dieu le Verbe qui
l'a assumée, est honorée d'un même honneur et adorée d'une même adoration et est
14
installée sur le trône royal et divin à la droite du Père, en tant que comblée des
avantages de la Divinité, demeurant sauves les propriétés des natures, éternelle leur
mémoire.
Ceux qui rejettent les explications énoncées par les saints Pères pour la
défense des dogmes orthodoxes de l'Église de Dieu, à savoir, par Athanase, Cyrille,
Ambroise, Amphiloque, le très saint pape de la vieille Rome, Léon le divinement
inspiré, et les autres, et n'admettent pas non plus les actes des conciles
oecuméniques, nous voulons dire le quatrième et le sixième, anathème.
[Second synode sur le « Pater maior me est » : Condamnation de Constantin de
Corfou]
Anathèmes composés plusieurs années après la définition et la ratification de la
doctrine touchant la parole : Pater maior me est, et portés contre le parti
ignorant et impie des opposants (*parmi lesquels se rangeait alors le ci-devant
métropolite de Corfou, Constantin, neveu de l'archevêque de Bulgarie, qui,
d'ailleurs, au bout de plusieurs années, fut reçu dans l'Église après s'être séparé de
ce parti, avoir rejoint les orthodoxes et anathématisé ses propos et enseignements
erronés et impies*).
Ceux qui n'entendent pas la parole de notre vrai Dieu et Sauveur Jésus-Christ
: « Mon Père est plus grand que moi », suivant les différentes
exégèses qu'en ont données les Pères — les uns disant qu'elle a été prononcée en raison
de l'aspect causal de sa naissance du Père, les autres par référence aux propriétés
naturelles de la chair assumée par lui et enhypostasiée dans sa Divinité, à savoir, les
propriétés de créature, de limitation, de mortalité et les autres « passions naturelles
et indifférentes » en considération desquelles le Seigneur a dit que son Père est le
plus grand que lui — mais disent que cette parole doit se comprendre lorsque, par
pure opération de l'esprit, la chair est conçue séparée de la Divinité, comme si elle
n'avait pas été unie, et qui ne prennent pas cette expression de la distinction
purement conceptuelle telle qu'elle a été employée par les saints Pères, c'est-à-dire
à propos de la servitude et l'ignorance — ces Pères ne supportant pas que la chair
du Christ, « co-divine » et égale à Dieu en honneur, soit déshonorée par de tels
termes — qui disent qu'il faut prendre aussi suivant une pure opération de l'esprit les
propriétés naturelles appartenant réellement à la chair du Seigneur enhypostasiée dans
sa Divinité et demeurant inséparable d'elle, et appliquant aux propriétés inexistantes
et fausses les mêmes principes qu'aux propriétés subsistantes et réelles, anathème.
*Les propos erronés et impies tenus par le ci-devant métropolite de Corfou
Constantin, neveu de l'archevêque de Bulgarie, et anathématisés par lui,
anathème*.
*Tous ceux qui pensent les mêmes choses, anathème*.
Le ci-devant métropolite de Corfou, Constantin, neveu de l'archevêque de
Bulgarie, qui expose une doctrine (ou : *Ceux qui exposent une doctrine*) erronée
et impie touchant la parole de notre vrai Dieu et Sauveur Jésus-Christ : « Mon Père
est plus grand que moi », et qui ne pense ni ne dit (ou : *et qui ne pensent ni ne
disent*) que les saints Pères théophores lui donnent plusieurs acceptions et, entre
15
autres, l'entendent de la chair même assumée par le Fils unique de Dieu de la
sainte Vierge et Mère de Dieu et enhypostasiée dans sa Divinité et conservant
sans confusion, après l'indivisible union, les propriétés distinctives en
considération desquelles le Seigneur a déclaré le Père plus grand que lui, tout en
recevant, avec sa propre nature assumée, le culte et la gloire d'une seule et même
adoration que le Père et le Saint-Esprit en tant que « co-divin » et égal à Dieu en
honneur — (Constantin) qui soutient (ou : *qui soutiennent*), au contraire,
qu'on ne doit pas entendre cette parole, du Seigneur conçu comme une seule
hypostase dans l'état d'union des deux natures, mais de la chair conçue, par une
pure opération de l'esprit comme séparée de la Divinité et considérée comme celle
de n'importe quel homme, alors que le prince des théologiens, le Damascène,
applique la distinction purement conceptuelle lorsqu'à propos de la chair du Christ
on énonce quelque chose qui ne constitue pas une propriété naturelle, mais indique
la servitude et ignorance — (Constantin) qui a refusé (ou : *refusent*) de suivre
les saints conciles oecuméniques, à savoir le quatrième et le sixième, qui se sont
prononcés suivant l'orthodoxie et la piété touchant les deux natures unies sans
confusion dans le Christ et ont enseigné la doctrine orthodoxe à l'Église du Christ,
et qui a glissé (ou : *ont glissé*) ainsi dans diverses hérésies, anathème.
Tous ceux qui pensent comme le même Constantin, neveu de l'archevêque de
Bulgarie, et sont affectés et attristés par sa déposition, moins par compassion que
parce qu'ils se sont laissé entraîner par son impiété, anathème.
[Condamnation de Jean Eirènikos]
Le très ignorant pseudo-moine et vain disputeur, Jean Eirénikos, les écrits qu'il a
composés contre la piété et ceux qui leur font accueil — parce qu'ils pensent et disent
ceci : ce n'est pas en considération de son humanité enhypostasiée en notre Seigneur
Sauveur et Dieu, et unie à sa divinité inséparablement, indivisément et sans
confusion, que le Seigneur comme homme parfait a dit dans les évangiles : Mon
Père est plus grand que moi », mais il l'a dit comme lorsqu'on prend, par une pure
opération de l'esprit, son humanité dépouillée et absolument séparée de sa divinité,
comme si elle ne lui avait jamais été unie et comme notre nature humaine commune,
anathème.
Barlaam et Akindynos et leurs disciples et successeurs, anathème.
Les chapitres contre Barlaam et Akindynos :
Ceux qui pensent et disent que la lumière qui a rayonné du Seigneur
dans sa divine Transfiguration, tantôt est une apparence, une créature, un fantôme
se manifestant peu de temps et bientôt dissous, tantôt l'essence même de Dieu
— parce qu'ils se précipitent follement dans des positions absolument contraires
et impossibles : d'un côté, en partageant la démence d'Arius, qui découpe la
Divinité unique et le seul Dieu en créé et incréé, de l'autre côté, en rejoignant
l'impiété des Messaliens, qui disent que l'essence divine est visible — et ne
confessent pas, conformément à la théologie inspirée des saints et au pieux
sentiment de l'Église, que cette très divine lumière n'est pas l'essence de Dieu,
16
mais une grâce, une illumination et une opération, incréée et naturelle, procédant
sans interruption ni séparation, de l'essence divine elle-même, anathème.
Les mêmes encore, qui pensent et disent que Dieu ne possède aucune
opération naturelle, mais qu'il n'est qu'essence, que l'essence divine et
l'opération divine sont la même chose indistinctement, et que l'on ne peut
concevoir entre elles aucune espèce de différence, que la même réalité est
appelée tantôt essence, tantôt opération — parce qu'ils suppriment sottement
l'essence divine elle-même et la réduisent au néant (car seul le non-être est
dénué d'opération, suivant l'expression même des docteurs de l'Église), qu'ils
partagent, en outre, le mal de Sabellius et tentent, à présent, de renouveler, pour
l'essence et l'opération divines, sa vieille confusion et abolition des trois
hypostases de la Divinité, et les confondent avec la même impiété — et qui
ne confessent pas en Dieu, conformément à la théologie inspirée des saints et
au pieux sentiment de l'Église, et l'essence et l'opération essentielle et naturelle,
comme la plupart des saints, surtout ceux du sixième saint concile oecuménique,
l'ont clairement exposé, ayant justement réuni le concile au sujet des deux
opérations, divine et humaine, du Christ et ses deux volontés — qui refusent de
concevoir que, de même qu'il y a en Dieu union inconfessable de l'essence et de
l'opération, de même il y a différence sans séparation suivant divers aspects,
surtout ceux de cause et causé, imparticipé et participé, l'un étant de l'essence,
l'autre de l'opération, ceux donc qui nourrissent ces idées impies, anathème.
Les mêmes encore, qui pensent et disent que toute puissance et opération
naturelle de la Déité en trois personnes est créée — parce qu'ils se condamnent
ainsi à professer le caractère créé de l'essence divine elle-même (car, suivant les
saints, une opération créée dénote une nature créée, et une opération incréée
caractérise une essence incréée) et, dès lors, risquent de tomber dans le pur
athéisme et la mythologie grecque et introduisent le culte des créatures dans la
foi pure et sans reproche des chrétiens — et qui ne confessent pas, suivant la
théologie des saints et le pieux sentiment de l'Église, que toute puissance et
opération naturelle de la Déité en trois personnes est incréée, anathème.
Les mêmes encore, qui pensent et disent qu'il en résulte nécessairement une
composition en Dieu, et ne se rendent pas à l'enseignement des saints, à savoir,
que les propriétés naturelles n'entraînent pas composition dans
la nature, et dès lors nous calomnient et tous les saints avec nous qui nous enseignent
clairement à mille reprises et la simplicité divine et la différence de l'essence et de
l'opération divine, sous-entendant par là que cette différence ne lèse en rien la
divine simplicité (ils ne pourraient pas aussi expressément soutenir des doctrines
théologiques aussi contradictoires), ceux donc qui énoncent ces futilités et ne
confessent pas, conformément à la théologie inspirée des saints et au pieux sentiment
de l'Église, que cette distinction digne de Dieu maintient aussi parfaitement la
simplicité divine, anathème.
Les mêmes encore, qui pensent et disent que le terme de déité ne peut se dire
que de l'essence divine et ne confessent pas, conformément à la théologie inspirée
17
des saints et au pieux sentiment de l'Église, qu'il ne s'applique pas moins à
l'opération divine, et ne professent pas de toutes façons la Déité unique du Père, du
Fils et du Saint-Esprit, que l'on applique le terme de déité à l'essence elle-même ou
à l'opération, comme nous l'enseignent aussi nos divins initiateurs, anathème.
Les mêmes encore, qui pensent et disent que l'essence divine peut se participer
— parce qu'ils ne rougissent pas d'introduire sournoisement dans notre Église
l'impiété des Messaliens, jadis infectés par cette doctrine — et ne confessent pas,
conformément à la théologie inspirée des saints et au pieux sentiment de l'Église,
qu'elle est absolument insaisissable et imparticipable, alors que la grâce et
l'opération divine est participable, anathème.
Tous leurs discours et écrits impies, anathème.
[Quatre anathèmes plus récents, généraux ou locaux]
Isaac dénommé Argyros, qui a partagé, toute sa vie, le mal de Barlaam et
Akindynos et, à la fin de sa vie, requis par l'Église une dernière fois, après bien
d'autres, de se convertir et de faire pénitence, a persévéré dans l'impiété et a
tristement rendu l'âme dans la profession de son hérésie,
Anathème.
Au mauvais moine Nicéphore dénommé Grégoras, qui a été profondément
infecté par l'hérésie impie et athée de Barlaam et Akindynos, a proféré
contre la grâce divine et la lumière divine du Thabor toutes sortes de blasphèmes
athées, a écrit d'une plume et d'une pensée téméraires contre l'Église du Christ et ses
chefs, surtout contre saint Grégoire, pasteur de cette ville, et a suscité .plusieurs fois
de grands troubles dans l'Église du Christ et, pour finir, a rendu son âme
misérable dans cette hérésie, anathème.
Le pseudo-moine Prochoros Cydonès, qui n'a pas seulement, pernicieusement et
avec impiété, pris la succession de Barlaam et Akindynos ; enseigné, comme eux, le
caractère créé de la grâce divine commune, de la puissance et de l'opération naturelle
de la Déité en trois personnes, tenu encore pour créée la lumière qui a rayonné de
notre Seigneur Dieu et Sauveur Jésus-Christ, dans sa toute divine transfiguration sur
la montagne, cette lumière que tous nos saints Pères théologiens et théophores
chantent et proclament à l'unisson, dans leurs oeuvres théologiques, comme la gloire
divine, la splendeur et le royaume de Dieu, la Déité incréée, la lumière
inaccessible et illimitée, l'effusion inconcevable et ineffable de l'éclat divin —
mais encore, d'une plume et une pensée téméraires, a écrit contre les autres
enseignements des apôtres et des docteurs de l'Église du Christ des choses que nul
hérétique avant lui n'avait osé, a eu l'insolence de soutenir que l'humanité de Dieu
le Verbe, la chair royale de notre Seigneur Jésus-Christ « en qui habite
corporellement toute la Plénitude de la Divinité », était revêtue, avant de monter
sur la croix, des Principautés et des Puissances, c'est-à-dire, des démons ; à ce
Prochoros donc, qui a été confondu en synode, sur examen de ses ouvrages, et qui,
mis en demeure, soit de les réfuter par d'autres écrits, soit de les soumettre à
l'anathème, a refusé, a persévéré dans ces impiétés et y a rendu son âme misérable,
anathème.
18
Démétrius dénommé Cydonès qui, dans le désordre de l'esprit et l'impiété, a
pâti toute sa vie de l'égarement et de la corruption de Barlaam et Akindynos, a
élevé lui aussi l'impudence de son esprit et de sa langue contre la divine opération
et la lumière incréée qui brilla sur le Thabor, a enseigné que l'essence divine, ou bien
n'a pas d'opération, ou bien possède une opération créée suivant la mythologie des
Grecs ; qui, invité paternellement par les chefs successifs de l'Église du Christ à
renoncer à cette hérésie funeste, a fermé les yeux à l'éclat de la vérité, a pris la défense
du pseudomoine, pour mieux dire, du théomaque Prochoros, son frère, qui lui avait
d'ailleurs communiqué cette hérésie, a employé sa pensée et sa plume impudentes
à blasphémer contre les saints Pères qui ont brillé successivement dans
l'enseignement divinement inspiré, ainsi qu'il est apparu notamment dans les
ouvrages infects publiés après sa mort, qu'il avait composés contre les champions
de la vérité et cachés toute sa vie dans l'obscurité qu'ils méritaient, qui, rompant
avec Dieu et son Église, sa patrie, les divins enseignements et les saintes écritures,
a fini, honteusement et dans l'impiété, sa vie en terre étrangère, anathème.
Notre glorieux empereurs", feu Andronic Paléologue, qui a réuni le premier
synode contre Barlaam, s'est fait le vaillant champion de l'Église du Christ et de ce
saint Période 3" par sa conduite, ses paroles et les admirables harangues prononcées de
sa propre bouche, affirmant d'une part les enseignements évangéliques et
apostoliques, déposant d'autre part et condamnant le susdit Barlaam en même
temps que ses hérésies et ses ouvrages et ses propos futiles à l'encontre de notre
foi orthodoxe, qui (Andronic), au milieu de ces saints combats et ces exploits
pour la cause de la religion, a fait une fin bienheureuse et est passé à la vie meilleure
et bienheureuse, éternelle sa mémoire.
[Deux éloges plus récents]
Grégoire, le très saint métropolite de Thessalonique, qui, de concert avec le
synode, dans la Grande Église, a déposé Barlaam et Akindynos, les chefs et
fauteurs de ces nouvelles hérésies, avec leur clan, qui ont osé appeler des créatures
l'opération, la puissance naturelle et inséparable de Dieu, et, d'une manière
générale, toutes les propriétés naturelles de la Sainte Trinité, et aussi la lumière
inaccessible qui a rayonné du Christ sur la montagne, ont tenté de ramener
pernicieusement dans l'Église du Christ une divinité créée, les idées de Platon et
tous ces mythes grecs —qui (Grégoire) a combattu, avec une science et un
courage éminents, par ses écrits, ses discours et ses discussions, pour la cause de
l'Église universelle du Christ et la doctrine vraie et infaillible sur la Divinité, n'a
cessé de proclamer la Divinité unique, le Dieu un en trois personnes, doué
d'opération, de volonté, tout-puissant, incréé, conformément aux saintes Écritures et
aux théologiens leurs exégètes, à savoir, Athanase et Basile, Grégoire, Jean et
Grégoire, Cyrille aussi et Maxime le philosophe et l'oracle divin de Damas, et encore
les autres Pères et docteurs de l'Église du Christ — qui (Grégoire), enfin, s'est
montré dans ses paroles et son action leur compagnon, leur harmonieux écho, leur
émule et leur allié, éternelle sa mémoire.
Ails" le très saint archevêque de Thessalonique, qui, dans ses paroles autant que
19
dans son action et ses ouvrages, a combattu pour l'Église du Christ, a humilié et
réfuté par ses traités inspirés de Dieu et ses démonstrations sans réplique les thèses
futiles de Barlaam et Akindynos, éternelle sa mémoire.
Tous ceux qui ont combattu pour l'orthodoxie aux côtés de ce glorieux et feu
empereur et après lui (ont *combattu à leurs côtés et après eux*) ont
vaillamment soutenu la cause de l'Église du Christ par leurs discours et
discussions, leurs écrits et enseignements, en paroles et en actes, ont réfuté et
condamné ensemble, en assemblée synodale, les hérésies malsaines et multiples
de Barlaam et Akindynos et leurs adeptes, ont proclamé, d'autre part, avec éclat,
l'enseignement orthodoxe des apôtres et des Pères et, de ce fait, sont décriés et
calomniés par les gens mal famés, et outragés et insultés, de pair avec les saints
théologiens, nos Pères et docteurs théophores, éternelle leur mémoire.
Ceux qui confessent un seul Dieu en trois personnes, tout-puissant, incréé dans
son essence et ses hypostases, mais aussi dans son opération, qui disent que
l'opération divine procède de l'essence divine, mais sans séparation, indiquant
par « procéder » l'indicible écoulement, par « sans séparation » l'union
surnaturelle au sens où le sixième saint concile oecuménique l'a proclamée,
éternelle leur mémoire.
Ceux qui confessent que Dieu est incréé et sans principe dans son opération
comme il est dans son essence — « sans principe » s'entendant selon le temps —
et disent que Dieu est absolument imparticipable et inconcevable dans son
essence divine, mais qu'il est participé par ceux qui en sont dignes dans son
opération divine et déifiante, comme l'affirment les théologiens de l'Église,
éternelle leur mémoire.
Ceux qui confessent que la lumière qui a éclaté indiciblement, sur la montagne
de la transfiguration du Seigneur, est inaccessible, lumière infinie, effusion
inconcevable de l'éclat divin, gloire ineffable, gloire suprême de la Déité, gloire
primordiale et intemporelle du Fils, royaume de Dieu, beauté vraie et aimable de
la divine et bienheureuse nature, gloire naturelle de Dieu et Déité du Père et de
l'Esprit, resplendissant dans le Fils unique, comme nos divins pères théophores
l'ont dit, les grands Athanase et Basile, Grégoire le théologien, Jean
Chrysostome et Jean Damascène, et, pour cela, tiennent aussi pour incréée cette
toute divine lumière, éternelle leur mémoire.
Ceux qui tiennent la lumière de la transfiguration du Seigneur comme incréée
pour les raisons exposées, ne disent pas qu'elle est l'essence suressentielle de
Dieu — celle-ci demeurant absolument invisible et imparticipée, car « nul n'a
jamais vu Dieu », à savoir, dans sa nature, nous disent les théologiens —
l'appellent, au contraire, gloire naturelle de l'essence sur-essentielle, procédant
de celle-ci sans séparation et se manifestant, grâce à l'amour de Dieu pour les
hommes, aux esprits purifiés, gloire avec laquelle notre Seigneur Dieu viendra, à
son second et terrible avènement, juger les vivants et les morts, ainsi que
l'enseignent les théologiens de l'Église, éternelle leur mémoire.
[Reprise du synodikon des images : Les anathèmes de Nicée]
20
Tous les hérétiques, anathème.
Le conciliabule qui s'est dressé avec insolence contre les saintes
mages, anathème.
Ceux qui comprennent des augustes images du Christ notre Dieu et le
ses saints les paroles de la divine Écriture contre les idoles, anathème.
Ceux qui sont sciemment en communion avec ceux qui outragent et
nsultent les saintes images, anathème.
Ceux qui disent que les chrétiens ont eu recours aux images comme à les
dieux, anathème.
Ceux qui disent que, en plus du Christ notre Dieu, un autre nous a
lélivrés de l'erreur idolâtrique, anathème.
Ceux qui osent dire que l'Église catholique a jamais accueilli les idoles,
sapant ainsi tout le Mystère et outrageant la foi chrétienne, anathème.
Quiconque prend la défense d'un adepte de l'hérésie des détracteurs les
Chrétiens, soit vivant, soit mort dans l'hérésie, anathème.
Quiconque ne vénère pas Notre Seigneur Jésus-Christ circonscrit dans
l’image quant à son humanité, qu'il soit anathème.
[Polychronia ou Euphèmia]
[I. De l'empereur régnant et de l'augousta]
Nombreuses années aux empereurs.
[Choix de formules : 1. Dans l'Empire]
Michel, notre empereur orthodoxe, et Théodora sa mère, nombreuses
Innées.
Constantin et Théodora, nos empereurs orthodoxes, n. a.
Théodoulos, le tout sacré métropolite de la ville « sauvée de Dieu » de Rhodes,
kritès et exarque des Cyclades et hypertime, n. a.
Grégoire, notre tout saint archevêque hypertime et exarque de toute la
Thessalie, n. a.
[V. En outre, de l'évêque suffragant, s'il y a lieu]
Nicolas, notre très saint évêque, n. a.
Jean l'évêque très cher à Dieu de notre saint évêché de Souarét et
prôtosyncelle, n. a.
N. notre très révérend père et évêque, n. a.
[Éloge des défunts]
[I. Empereurs de Michel III à Manuel II]
Michel notre empereur orthodoxe, et Théodora sa mère, éternelle leur
mémoire.
Basile, Constantin, Léon, Alexandre, Christophore, Romain,
Constantin, Romain, Nicéphore, Jean, Basile, Constantin, Romain, Michel,
Constantin, Michel, Isaac, Constantin, Romain, Andronic, Michel, Nicéphore,
Isaac2, Alexis, Jean, Manuel sous le divin et angélique habit moine Matthieu,
21
Alexis, Isaac4, Alexis et Théodore, qui ont échangé le royaume de la terre pour
celui des cieux, éternelle leur mémoire.
Jean Doukas, notre glorieux empereur de pieuse mémoire, éternelle sa
mémoire.
Théodore Doukas(...) de pieuse mémoire, sous le divin et angélique habit
moine Théodore, éternelle sa mémoire.
Michel Paléologue le jeune , notre glorieux empereur de pieuse mémoire éternelle
sa mémoire.
Andronic Paléologue, notre glorieux empereur de pieuse mémoire, sous le
divin et angélique habit moine Antoine, éternelle sa mémoire.
Andronic Paléologue, notre empereur glorieux, très pieux et ami du Christ,
passé au pieux séjour, éternelle sa mémoire.
Jean Cantacuzène, notre empereur glorieux, très pieux et ami du Christ, passé
au pieux séjour, sous le divin et angélique habit moine Joasaph qui, toute sa vie
et de toute son âme, a valeureusement lutté pour l'Église du Christ et ses dogmes
orthodoxes par ses paroles et ses actes, ses entretiens et ses écrits, pour l'affirmation
aussi des enseignements des apôtres et des pères de l'Église et l'extermination de
l'hérésie perverse et impie de Barlaam et Akindynos et leurs adeptes,
éternelle sa mémoire.
Jean Paléologue, notre empereur glorieux (...) au pieux séjour, éternelle sa
mémoire.
Andronic Paléologue (...) au pieux séjour, éternelle sa mémoire. Jean
Paléologue (...) au pieux séjour, sous le divin et angélique habit moine
Joseph, éternelle sa mémoire.
[ou à Thessalonique:] Jean Paléologue (...) au pieux séjour, qui s'est
conduit toute sa vie en orthodoxe, s'est montré le défenseur de l'Église et de ses
dogmes sacrés, a valeureusement lutté pour l'État romain, à ce moment presque
réduit à merci par les allogènes, et alors que des vagues d'une violence inouïe
s'étaient soulevées qui menaçaient de tout engloutir, lui, n'a pas fléchi, mais, à
l'exemple des bons pilotes, a conservé aux Romains le pouvoir, a arraché aux
Barbares de nombreuses villes, dont la plus considérable, notre Thessalonique, qui
vit la lumière de la liberté après une longue servitude — Dieu s'étant laissé
fléchir par les combats et l'ardeur du basileus et par l'intercession du
mégalomartyr Démétrius le protecteur de la ville — qui a établi dans notre ville
sa résidence, qui n'a rien négligé de ses devoirs, au contraire, par tous les moyens
nous a ménagé la sécurité, a remporté victoires et triomphes sur les passions, a
trouvé dans les maladies de toute sorte qui ont fondu sur lui l'occasion de
progresser dans la vertu et de rendre gloire à Dieu, et enfin, a embrassé l'humilité et la
pauvreté du Christ et, sous le divin et angélique habit, a pris le nom, etc.
[Reprise du synodikon des images : Les anathèmes de Nicée]
Tous les hérétiques, anathème.
Le conciliabule qui s'est dressé avec insolence contre les saintes
images, anathème.
Ceux qui comprennent des augustes images du Christ notre Dieu et de
22
ses saints les paroles de la divine Écriture contre les idoles, anathème.
Ceux qui sont sciemment en communion avec ceux qui outragent et
insultent les saintes images, anathème.
Ceux qui disent que les chrétiens ont eu recours aux images comme à
des dieux, anathème.
Ceux qui disent que, en plus du Christ notre Dieu, un autre nous a
délivrés de l'erreur idolâtrique, anathème.
Ceux qui osent dire que l'Église catholique a jamais accueilli les idoles,
sapant ainsi tout le Mystère et outrageant la foi chrétienne, anathème.
Quiconque prend la défense d'un adepte de l'hérésie des détracteurs des
Chrétiens, soit vivant, soit mort dans l'hérésie, anathème.
Quiconque ne vénère pas Notre Seigneur Jésus-Christ circonscrit dans
l'image quant à son humanité, qu'il soit anathème.
[Polychronia ou Euphèmia]
[I. De l'empereur régnant et de l'augousta]
Nombreuses années aux empereurs.
[Choix de formules : 1. Dans l'Empire]
Michel, notre empereur orthodoxe, et Théodora sa mère, nombreuses
années.
Constantin et Théodora, nos empereurs orthodoxes, n. a.
Alexis, notre empereur orthodoxe, n. a. Irène, notre impératrice orthodoxe, n. a.
Manuel, notre empereur orthodoxe porphyrogénète et autokratôr des Romains
Comnène, n. a.
Jean, notre empereur orthodoxe, et Anne la très pieuse augousta, n. a. Jean le très
pieux empereur et autokratôr des Romains Paléologue, et Marie la très pieuse
augousta, n. a.
[2. En Sicile post-byzantine]
N. le très pieux roi, son épouse et ses enfants, n. a.
Dieu garde leur puissance !
Dieu pacifie leur règne !
Basileus céleste, garde les basileis de la terre !
[II. Du patriarche oecuménique]
Joseph, le très saint patriarche oecuménique, n. a. [Du
patriarche d'Antioche (s'il y a lieu)] Sophrone, notre très
saint patriarche, n. a.
[III. Du césar et du sébastokratôr (s'il y a lieu)]
N., le très fortuné césar, n. a.
N., le tout fortuné sébastokratôr, n. a. ou NN. les tout fortunés sébastokratôres, n.
a.
23
[IV. Du métropolite (dans le cas d'une métropole)]
Constantin, notre très saint métropolite, n. a.
N., notre très saint et très sacré métropolite, n. a.
N., notre tout sacré métropolite, n. a.
Nicolas, le tout sacré archevêque de la très sainte métropole de Crète et
panhypertime, n. a.
Théodoulos, le tout sacré métropolite de la ville « sauvée de Dieu » de Rhodes,
kritès et exarque des Cyclades et hypertime, n. a.
Grégoire, notre tout saint archevêque hypertime et exarque de toute la
Thessalie, n. a.
[V. En outre; de l'évêque suffragant, s'il y a lieu]
Nicolas, notre très saint évêque, n. a.
Jean l'évêque très cher à Dieu de notre saint évêché de Souarét et
prôtosyncelle, n. a.
N. notre très révérend père et évêque, n. a.
[Éloge des défunts]
[I. Empereurs de Michel III à Manuel II]
Michel notre empereur orthodoxe, et Théodora sa mère, éternelle leur mémoire.
Basile, Constantin, Léon, Alexandre, Christophore, Romain,
Constantin, Romain, Nicéphore, Jean, Basile, Constantin, Romain, Michel,
Constantin, Michel, Isaac, Constantin, Romain, Andronic, Michel, Nicéphore,
Isaac, Alexis, Jean, Manuel sous le divin et angélique habit moine Matthieu, Alexis,
Isaac, Alexis et Théodore, qui ont échangé le royaume de la terre pour celui des
cieux, éternelle leur mémoire.
Jean Doukas, notre glorieux empereur de pieuse mémoire, éternelle sa
mémoire.
Théodore Doukas(...) de pieuse mémoire, sous le divin et angélique habit
moine Théodore, éternelle sa mémoire.
Michel Paléologue le jeune notre glorieux empereur de pieuse mémoire éternelle sa
mémoire.
Andronic Paléologue, notre glorieux empereur de pieuse mémoire, sous le
divin et angélique habit moine Antoine, éternelle sa mémoire.
Andronic Paléologue, notre empereur glorieux, très pieux et ami du Christ,
passé au pieux séjour, éternelle sa mémoire.
Jean Cantacuzène, notre empereur glorieux, très pieux et ami du Christ, passé
au pieux séjour, sous le divin et angélique habit moine Joasaph qui, toute sa vie
et de toute son âme, a valeureusement lutté pour l'Église du Christ et ses dogmes
orthodoxes par ses paroles et ses actes, ses entretiens et ses écrits, pour l'affirmation
aussi des enseignements des apôtres et des pères de l'Église et l'extermination de
24
l'hérésie perverse et impie de Barlaam et Akindynos et leurs adeptes,
éternelle sa mémoire.
Jean Paléologue, notre empereur glorieux (...) au pieux séjour, éternelle sa
mémoire.
Andronic Paléologue (...) au pieux séjour, éternelle sa mémoire. Jean
Paléologue (...) au pieux séjour, sous le divin et angélique habit moine
Joseph, éternelle sa mémoire.
[ou à Thessalonique:] Jean Paléologue (...) au pieux séjour, qui s'est conduit
toute sa vie en orthodoxe, s'est montré le défenseur de l'Église et de ses dogmes
sacrés, a valeureusement lutté pour l'État romain, à ce moment presque réduit à
merci par les allogènes, et alors que des vagues d'une violence inouïe s'étaient
soulevées qui menaçaient de tout engloutir, lui, n'a pas fléchi, mais, à l'exemple
des bons pilotes, a conservé aux Romains le pouvoir, a arraché aux Barbares de
nombreuses villes, dont la plus considérable, notre Thessalonique", qui vit la
lumière de la liberté après une longue servitude — Dieu s'étant laissé fléchir par
les combats et l'ardeur du basileus et par l'intercession du mégalomartyr
Démétrius le protecteur de la ville — qui a établi dans notre ville sa résidence,
qui n'a rien négligé de ses devoirs, au contraire, par tous les moyens nous a ménagé
la sécurité, a remporté victoires et triomphes sur les passions, a trouvé dans les
maladies de toute sorte qui ont fondu sur lui l'occasion de progresser dans la vertu
et de rendre gloire à Dieu, et enfin, a embrassé l'humilité et la pauvreté du Christ et,
sous le divin et angélique habit, a pris le nom, etc.
Manuel Paléologue, notre empereur glorieux, très pieux et ami du Christ,
passé au pieux séjour, sous le divin et angélique habit moine Matthieu, éternelle
sa mémoire.
[ou à Thessalonique Manuel (...) passé au pieux séjour, qui, par la sagesse de ses
discours et l'élévation de son jugement, sa force d'âme et l'énergie de son
caractère, ses distinctions, ses commandements militaires, ses voyages lointains,
les tribulations accumulées, endurées pour le bien commun, et ses labeurs inouïs,
l'éclat de toutes les vertus, a brillé sur l'oecoumène comme un soleil plus qu'aucun
basileus orthodoxe du passé ; par son zèle orthodoxe, ses écrits, ses admirables
harangues, a lutté valeureusement pour l'Église du Christ et, avec le concours divin,
par l'intercession de la mère de Dieu, a conservé aux chrétiens, au prix de nombreux
combats, la capitale et beaucoup d'autres villes et, à la fin, a embrassé la somptueuse
pauvreté du Christ et sa sublime humilité, a pris la croix et est devenu, sous le
divin et angélique habit, moine Matthieu, etc.
[II. Impératrices, d'Eudocie Ingérina à Marie Paléologina]
Eudocie, Théophanô, Théodora, Hélène, Théophanô, Théodora, Zoé,
Théodora, Catherine, Eudocie, Marie, Irène, Irène, Irène, Marie sous le divin
et angélique habit nonne Xénè, Euphrosyne, Anne et Hélène, les très pieuses
augoustae, éternelle leur mémoire.
25
Irène, notre glorieuse despoina de pieuse mémoire, sous le divin et angélique
habit nonne Eugénie, éternelle sa mémoire.
Théodora (...) nonne Eugénie (...)
Irène, notre glorieuse despoina de pieuse mémoire, éternelle sa mémoire.
Irène etc.
Marie, notre glorieuse despoina de pieuse mémoire, sous le divin et angélique
habit nonne Xénè, éternelle sa mémoire.
Anne (...) nonne Anastasie, qui, dans ses oeuvres et ses paroles,
toute sa vie, a lutté de toute son âme pour l'affirmation des enseignements
des apôtres et des Pères de l'Église et l'extermination de l'hérésie perverse
et impie de Barlaam, Akindynos et leurs adeptes, éternelle sa mémoire.
Irène (...) nonne Eugénie, éternelle sa mémoire.
Anne, notre glorieuse despoina de pieuse mémoire, éternelle sa
mémoire ;
Hélène (...) sous le divin et angélique habit nonne Hypomonè, éternelle
sa mémoire.
Marie"? (...) nonne Makaria, éternelle sa mémoire.
[III. Patriarches oecuméniques, de Germain Ier à Euthyme]
Germain, Tarasios, Nicéphore et Méthode, les très glorieux patriarches, éternelle
leur mémoire.
Ignace, Photius, Étienne, Antoine, Nicolas, Euthyme, Étienne, Tryphon,
Théophylacte, Polyeucte, Antoine, Nicolas, Sisinnius, Serge, Eustathios, Alexis,
Michel, Constantin, Jean, Cosmas, Eustratios, Nicolas, Jean, Léon, Michel, Luc,
Michel, Chariton, Théodose, Basile, Nicétas, Léontios, Dosithée, Georges, Jean,
Michel, Théodore, Maxime, Manuel, Méthode sous le divin et angélique habit
moine Akakios, et Manuel sous le divin et angélique habit moine Matthieu, les
patriarches orthodoxes, éternelle leur mémoire.
Germain, le glorieux patriarche, passé à la vie bienheureuse, sous le divin et
angélique habit moine Georges, éternelle sa mémoire.
Arsène, le très saint et glorieux patriarche, passé à la vie bienheureuse, éternelle
sa mémoire.
Joseph, etc.
Athanase, etc.
Gérasime, le très saint patriarche, éternelle sa mémoire.
Isaïe, (id.)
Isidore, le très saint et glorieux patriarche, passé à la vie bienheureuse, éternelle sa
mémoire.
Calliste, etc.
Philothée, le très saint et glorieux patriarche, passé à la vie bienheureuse, qui a
valeureusement lutté pour l'Église du Christ et ses dogmes orthodoxes en paroles et en
actes, par ses discussions, son enseignement et ses ouvrages, éternelle sa mémoire.
[ou, à Thessalonique :] Philothée, le très saint patriarche oecuménique, qui, au prix
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d'innombrables efforts et luttes, mû par le zèle de Dieu, a maintenu la foi
orthodoxe, pleinement dissipé les fauteurs des hérésies par la confession
orthodoxe et a présidé au saint synode en paroles et en actes, éternelle sa
mémoire.
Macaire, le très saint et glorieux patriarche passé à la vie bienheureuse, etc.
Nil, le très saint et glorieux patriarche passé à la vie bienheureuse, qui a
valeureusement lutté pour l'Église du Christ et ses dogmes orthodoxes par ses
paroles et ses actes, son enseignement, ses ouvrages et sa bienfaisance, éternelle sa
mémoire.
Antoine (...) passé à la vie bienheureuse, éternelle sa mémoire. Calliste,
etc.
Matthieu, etc.
Euthyme, le très saint et glorieux patriarche, passé à la vie bienheureuse, qui a
maîtrisé le savoir profane et notre sagesse divine et, dès son enfance, a embrassé la
vie selon le Christ, y a brillé, a nourri un grand zèle pour les dogmes orthodoxes de
l'Église, par sa vie intime, son enseignement, sa bienfaisance, a guidé un grand
nombre vers la vertu, et, tel un flambeau, a brillé, du faîte de ses vertus, jusqu'aux
extrémités de l’oecoumène, éternelle sa mémoire.
[Patriarches d'Antioche:] Christophore, Théodore, Agapios, Jean,
Nicolas, Élie, Théodore, Basile, Pierre365, Théodose, Nicéphore, Jean, Luc,
Athanase, Théodore et Cyrille, les glorieux patriarches d'Antioche, éternelle leur
mémoire.
La sainte Trinité les a glorifiés.
Implorant Dieu d'être instruits et affermis par les combats et l'enseignement
qu'ils ont menés jusqu'à leur mort pour la cause de la piété, le suppliant de nous
rendre les imitateurs accomplis de leur divine conduite, puissions-nous être
exaucés, par la compassion et la grâce du grand et premier pontife, le Christ
notre vrai Dieu, par l'intercession de notre très glorieuse Reine, Marie, mère de
Dieu et toujours vierge, des anges déiformes et de tous les saints. Amen.